Et oui, je sais ce que vous vous dites... Encore un film de SF, et de geek, par-dessus le marché ! Le voyage dans le temps, les odyssées spatiales, les super héros, les robots... Je suis un gamin de 35 ans. Et je le revendique à voix haute. Aucun problème avec ça. Et aujourd'hui, à mi-chemin entre Robocop et Wall-e, je vais vous parler de "Chappie", troisième long métrage de Neill Blomkamp.


Nous sommes dans un avenir proche. Très proche. Probablement 2017 ou quelque chose dans ce goût-là. Et nous sommes en Afrique du Sud. Autant s'y faire, Neill Blomkamp est Sud-africain et la majeure partie de ses films se déroule à Joannesburg. Comme à chacun de ses films, la ville est en plein chaos social. La criminalité sature chaque rue, chaque boulevard. Les cadavres pleuvent (ça ne fait pas très bonne pub pour le pays). Une multinationale spécialisée dans la robotique de pointe, Tetravaal, a fait des robots policiers son cheval de bataille. Grâce à ce projet, la ville de Joannesbourg est rapidement pacifiée, et les forces de l'ordre s'appuient sur les Scouts, ces robots à forme humaine et formés aux interventions de police en tous genres, pour mener à bien leur travail au quotidien. Mais un jour, Deon, l'un des ingénieurs de Tetravaal fait une découverte sans précédent sur l'intelligence artificielle. Deon décide d'implanter une toute nouvelle mise à jour sur un scout promis à la ferraille, faute d'un accord de sa directrice. Les ennuis commencent...


Pour nous mettre en bouche, "Chappie" s'ouvre sur une splendide séquence d'intro, mettant en scène les scouts en action face à des gangs de criminels armés jusqu'aux dents. La première chose qui saute aux yeux, c'est le réalisme. Malgré les thèmes très orientés SF choisis par Blomkamp, celui-ci met toujours un point d'honneur à ancrer ses histoires dans notre société. Et ainsi, des les premiers instants de "Chappie", on remarque des images du journal télévisé et des scènes de guerillas urbaines plus vraies que nature. Comme si on avait mis les infos à la télé. Cette marque de fabrique est présente depuis les débuts du jeune réalisateur au cinéma.


Je vous rappelle que Neill Blomkamp est le metteur en scène de "District 9" et "Elysium", tous deux des films de SF sur fond de fable sociale engagée et assumée. Alors d'ores et déjà, si le style Blomkamp vous fait grincer des dents (il a ses détracteurs), autant arracher le pansement : Chappie est du même acabit, dans la même veine que ses deux prédécesseurs. Un mélange de téléréalité choc et de fiction haut de gamme (un peu moins marqué que "District 9" tout de même).


Le thème central abordé par le film est bien l'intelligence artificielle et les différences entre l'Homme et la machine. Mais la façon dont tout ceci est abordé est plutôt original, puisqu'il est question de faire naître une conscience humaine à l'état d'enfant dans le corps d'un robot. Et de là, les enjeux sont énormes. Chappie, qui autrefois ne portait que le matricule "022" comme unique différence à ses semblables, vient au monde grâce au programme sophistiqué de son créateur, Deon. Mais il nait dans un monde en proie au chaos, dans des conditions terriblement difficiles. Et rapidement, on entre en totale empathie avec cette machine conçue en 3D et animée par le pote de Blomkamp Sharlto Copley (Looping dans "l'agence tous risques", le film). Et c'est ce qui fait la force du sujet. Cette capacité à animer son héros central totalement virtuel d'une façon si réaliste dans son comportement et ses réactions, qu'on aura du mal réprimer nos émotions devant l'apparente fragilité du robot.


Le thème central abordé par le film est bien l'intelligence artificielle et les différences entre l'Homme et la machine. Mais la façon dont tout ceci est abordé est plutôt original, puisqu'il est question de faire naître une conscience humaine à l'état d'enfant dans le corps d'un robot. Et de là, les enjeux sont énormes. Chappie, qui autrefois ne portait que le matricule "022" comme unique différence à ses semblables, vient au monde grâce au programme sophistiqué de son créateur, Deon. Mais il nait dans un monde en proie au chaos, dans des conditions terriblement difficiles. Et rapidement, on entre en totale empathie avec cette machine conçue en 3D et animée par le pote de Blomkamp Sharlto Copley (Looping dans "l'agence tous risques", le film). Et c'est ce qui fait la force du sujet. Cette capacité à animer son héros central totalement virtuel d'une façon si réaliste dans son comportement et ses réactions, qu'on aura du mal réprimer nos émotions devant l'apparente fragilité du robot.


C'est d'ailleurs l'une de mes déceptions : Hugh Jackman. Bien que le charisme et le talent de l'acteur ne soient plus à démontrer, et malgré un look de geek à nuque longue totalement fun et décalé faisant penser à un danseur de Tecktonik, j'ai eu du mal à rentrer dans son personnage. Alors est-ce que le fait qu'il incarne le bad guy du film fausse mon jugement, ou bien est-ce que Jackman a lui-même du mal à jouer les méchants? Difficile à dire, mais je l'ai trouvé plutôt fade et inconsistant pour une fois. Sigourney Weaver, quant à elle, n'a pas franchement l'occasion de s'exprimer puisqu'elle n'est là que pour décorer. Son personnage de PDG de la société n'apporte pas grand chose, sinon rien du tout, à l'intrigue reposant principalement sur la relation ambivalente qui existe entre Chappie et les loubards qui l'ont recueilli. Je dois dire que placer des méchants au look ringard et au QI d'une mouette rieuse en plein coeur de l'histoire, est un pari osé et pour le moins inhabituel. Et dans l'ensemble, c'est plutôt accrocheur et ça fonctionne (hormis, je le répète, ce look carrément dégueu de Ninja et Yo-Landi).


Pour la petite histoire, ces deux comédiens sont tous deux sud africains, et la jeune femme se prénomme également Yo-Landi dans la vie. Je vous conseille de taper ce nom sur Google si vous voulez avoir une idée de son style vraiment particulier, à mi-chemin entre une gothique et une punk. Quant son partenaire à l'écran, Ninja, joué par Watkin Tudor Jones Jr (sacré nom!), son faciès renfrognié me fait penser à celui d'Albert Dupontel... Personnellement, j'ai eu un peu de mal mais c'est un parti-pris tout à fait personnel...


En terminant "Chappie", je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec d'autres long métrages mettant en scène des robots. Je le disais au début de cette review : ce nouveau héros fait bien sûr penser à Wall-e, ce petit robot évoluant dans les ruines d'une terre désolée 700 ans après la fin de l'humanité, et qui est dotées d'une forte personnalité.


... Mais aussi et surtout, l'intrigue et le background de Chappie ne sont pas sans rappeler ce héros mi-flic mi-machine créé par Paul Verhoeven dans les années 90.


Dans tous les cas, ces personnages sont en quête de leur identité et de leur place dans le monde dans lequel ils évoluent. Wall-e était le dernier de son espèce et cherchait un sens à son existence (un comble pour un robot qui est programmé pour accomplir des tâches). Robocop, lui, était tiraillé entre la partie cybernétique chargée d'obéir aux ordres imposés par son protocole d'action, et la partie humaine en quête de rédemption et de vengeance.


Pourquoi davantage Robocop qu'un autre film, dans ce cas ? Certains détails ne trompent pas. Il y a d'abord le contexte du film. Dans Robocop, le héros évoluait dans un Detroit rongé par le crime et la drogue. Il en va de même pour Chappie. Detroit, Joannesburg : même combat. Des hordes de criminels pauvres et sans pitié qui peuplent les rues, une violence sans limite...


On peut aussi noter l'opposition qui existe entre Deon (Dev Patel) et Vincent (Hugh Jackman). L'un est responsable des Scouts, ces policiers efficaces à morphologie humaine qui font l'unanimité parmi les populations de par leur efficacité. L'autre, dans l'ombre, est responsable de l'Orignal, une machine de guerre à l'allure barbare et bourrine qui fait justement très largement penser au fameux ED209 de Robocop. Vincent doit subir les baisses de budget de la direction, et va tout faire pour remettre son bébé au premier plan. Dans Robocop, Bob Morton était un responsable de projet aux dents longues qui n'avait pas hésité à passer devant Richard Jones, le bras droit du PDG de l'OCP, pour imposer Robocop, alors que ce dernier avait du mal à convaincre avec son ED209 à la gâchette facile.


D'autres références bien connues des fans de mangas m'ont également sauté aux yeux, notamment en dernière partie de film, lorsque Chappie comprend qu'il a une conscience et qu'il tente de la transférer dans un autre corps. Le clin d'oeil avec les "ghosts" (sorte d'âme dans le corps des robots) de l'animé japonais "Ghost in the shell" est si grossier qu'on se demande si ce n'est pas fait exprès.


Le character design de Chappie s'inspire également de Briareos, le cyborg protégrant la belle Dunan dans "Appleseed".


Il est clair que Neill Blomkamp (qui a d'ailleurs le même âge que moi), est un geek de premier ordre qui s'assume et aime le faire savoir.


CONCLUSION :
Bien que manquant encore d'un petit souffle pour le rendre puissant et épique comme il aurait pu l'être, Chappie reste néanmoins un film plutôt audacieux et foutrement intelligent. Flanqué de l'étiquette "parabole sociale" comme ses deux précédents films, ce troisième long métrage souffre pourtant de quelques maladresses d'écriture qui n'entachent toutefois pas le tableau général : un savoureux mélange de fun et de sérieux teinté d'ironie et de dérision. Dommage que l'apprentissage de Chappie soit plutôt rapidement traité, au profit peut-être d'une intrigue plus rythmée et sous adrénaline (ce qui n'est pas plus mal).
Il n'est pas aisé d'arriver à traiter un sujet sérieux sans justement se prendre au sérieux. C'est là la force de Blomkamp qui ne semble, encore ici, pas prêt à rentrer dans les standards d'Hollywood, et c'est très bien comme ça.


VOIR LA REVIEW COMPLETE SUR MON SITE :
http://www.unoeilsurlecran.com/#!chappie/c764

Ri_Tchy
7
Écrit par

Créée

le 30 août 2015

Critique lue 256 fois

Ri Tchy

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