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Le cinéma de Serge Gainsbourg a quelque chose de très expérimental, où l'abstraction et la nature un tant soit peu extrême des sujets abordés peut choquer.
J'avais plutôt bien aimé Je t'aime moi non plus, j'étais très décontenancé devant Stan the Flasher, et celui-ci se situe entre les deux.

L'histoire est très difficile à suivre, au point même qu'on l'oublie souvent, mais ça se résume à un conflit entre un père et sa fille à propos de l'accident de voiture qui a couté la vie à la mère de cette dernière.
On sent bien que l'histoire n'est qu'un prétexte, pour n'être qu'un film DE et AVEC Serge Gainsbourg. Dans l'esprit, c'est assez proche des films de Godard des années 80, souvent très abstraits, mais où le réalisateur gardait toujours une part de provocation.

Chez Gainsbourg, la provocation est bien sûr dans la nudité (pas totale) de sa propre fille, Charlotte, seulement âgée de 13 ans. Oui, c'est gênant de voir un père filmer sa fille de cette façon, mais je trouve qu'il n'y pas d'impudeur, voire d'obscénité dans ces plans. Seulement une manière (très) maladroite de Gainsbourg de filmer avec amour sa fille.
Mais il ne faut pas jaser, ce film n'est pas du film un appel à l'inceste, enfin je ne le vois pas comme ça. D'ailleurs, Charlotte Gainsbourg assume encore et toujours ce film aujourd'hui, et il me semble qu'elle parfaitement équilibrée.

Le travail d'expérimentation passe aussi dans la mise en scène, très inspirée d'Orson Welles avec ses contre-plongées, et dans l'utilisation du décor, qui n'est autre que l'hôtel particulier de Serge Gainsbourg, et dont on peut admirer un gout certain pour la décoration, ainsi que ses fenêtres constamment fermées.
D'ailleurs, il est à noter que le plan final montre le vrai lit de Serge Gainsbourg, endroit où il mourra quelques années plus tard...

Il faut aussi féliciter l'ingénieur du son pour avoir réussi à choper les murmures de Serge Gainsbourg et des autres acteurs, car il est souvent difficile de les entendre, surtout le premier ; on dirait qu'ils sont tous endormis. Seule Charlotte, malgré une timidité visible, s'en sort bien, car elle a en celle cette candeur puis cette maturité qu'elle fera sienne bien des années plus tard.

Il est difficile de parler de Charlotte for ever en tant que film ; comme souvent chez Gainsbourg, on dirait de l'expérimentation, voire une adaptation cachée de Lolita, texte dont le chanteur était grand amateur.
Pour finir, parlons de la musique, comme toujours très réussie, puisque composée par Gainsbourg, et fondatrice de sa dernière époque, comme son dernier album "You're under arrest".

Pour les complétistes de Gainsbourg et ceux qui le connaissent bien à travers son oeuvre, ce film ne leur paraitra pas choquant. Pour les autres, attention à la douche froide.
Boubakar
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le 19 juin 2013

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Boubakar

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