A l'origine de ce film, une simple anecdote: peu de temps avant un mariage, un vieillard est conservé quelques jours sous de la glace pour que la cérémonie tant attendue se déroule bien comme prévu. Emir Kusturica, va se l'approprier, et nous livrer Chat Noir, Chat Blanc.

Le scénario, un peu à la façon d'un film de Guy Ritchie, (même si leur façon de filmer n'ont rien d'autre en commun que le rythme), va faire s'entremêler de nombreux personnages.
Un gitan, vivant avec son fils sur les bords du Danube, décide de monter un gros coup avec l'aide d'un parrain de la mafia locale et d'un gangster drogué, en détournant des citernes remplies d'essence. Seulement, l'affaire ne va pas se passer comme prévu, et, de rebondissements en rebondissements, le protagoniste va se retrouver obligé de marier son fils de force à la sœur du gangster.

Emir Kusturica nous démontre encore une fois tout son talent, à la fois à travers l'absurde qui ne cesse de poindre son nez (au hasard, un cochon qui tout au long du film va se nourrir d'une carcasse de voiture abandonnée), mais aussi par le rythme endiablé qui entraîne totalement le spectateur avec lui. C'est en cela que l'on reconnaît toute la saveur des pays de l'Est.

Pour soutenir ce rythme, il y a de nombreux éléments.
Tout d'abord, la musique des balkans, jouée par Emir Kusturica lui-même et accompagné de son No Smoking Orchestra. Cuivres, accordéons, guitares nous transportent totalement dans cette région du globe encore trop peu connue pour sa culture.
Alcools en tout genre et cocaïne coulent à flot, les personnages sont dans un état second, ajoutant encore un peu de folie au tout (sans oublier les physiques des acteurs : dentitions ravagées, géants côtoyant des nains, etc...).

La réalisation en elle-même n'est pas extraordinaire, mais fonctionne bien, et sert le récit comme il faut. On pourrait regretter à certains moments une sorte de pathos un peu trop prononcé...

Mais Chat Noir Blanc est un film qui nous fait voyager, nous projetant dans cet univers absurde, endiablé et fou des pays de l'Est. Une fois rentré dans le film, on espère plus qu'une chose : qu'il ne se termine plus. Si vous êtes un peu moribond, ou si vous avez le moral dans les chaussures, ce film est fait pour vous, c'est une véritable cure de bonne humeur !
ChocBonham
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le 29 avr. 2012

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ChocBonham

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