Réalisateur touche-à-touche spécialisé dans les films d’exploitation, Umberto Lenzi a assurément livré ses meilleures prestations dans le genre policier. Un cinéma rentre-dedans ne visant que l’efficacité. Clairement moins à l’aise dans le giallo, ses contributions ne sont cependant pas toutes anecdotiques loin de là. En l’occurrence, ce titre alambiqué, s’il ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes, le fait avec un certain savoir-faire qui n’est pas déplaisant. Très loin des œuvres esthétisantes de Dario Argento voire de Sergio Martino, Umberto Lenzi se focalise sur deux points : les crimes et les plans nichons. Le reste, on le voit rapidement, l’intéresse assez peu. Ce qui explique une atmosphère qui n’est ni angoissante ni vénéneuse, et un produit où les effets de manche visuels (pourtant marque de fabrique du genre) sont réduits à portion congru.


Le début du film laisse d’ailleurs craindre le pire. Lenzi empile les morts dans un récit qui paraît longtemps un prétexte, multipliant les inepties les plus évidentes : imaginez-vous en vacances organisées dans un pays étranger avec un groupe de votre ville et supposez que les membres de ce groupe se fassent trucider les uns après les autres. Iriez-vous gentiment le jour suivant en excursion en vous disant simplement que c’est affreux ? Evidemment non. Bien entendu, on est au cinéma et si les jeunes adultes des slashers ne se séparaient pas pour s’aventurer seuls dans la nuit et ne quittaient pas dare-dare les lieux où ils se trouvent, il n’y aurait plus de film. Mais la façon dont le récit présente les choses ici manque cruellement de logique. Cependant si on évacue ce point-là et les coïncidences heureuses qui portent les péripéties (l’assassin pris bêtement en photo, visage découvert dans las Ramblas avec son couteau et ses gants rouges), force est de constater que l’ensemble prend de l’épaisseur au fil des minutes.


Véritable whodunit (même si, au final, l’assassin aurait pu être n’importe quel des personnages), la dernière demi-heure propose un très joli suspense et Umberto Lenzi parvient à tirer le maximum des paysages et des décors pour rendre son récit plus palpitant. En clair, si le film ne sort pas du lot, il réussit cependant à susciter un véritable intérêt et à remplir tout à fait correctement le cahier des charges. On pourra, peut-être, reprocher une musique (même si elle est parfaitement dans le ton comme souvent avec Bruno Nicolai) quelque peu trop envahissante pour jouer sur l’ambiance à défaut d’y réussir par quelques éclairs visuels.


Play-It-Again-Seb
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le 26 juil. 2025

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PIAS

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