Chez moi
6.1
Chez moi

Film de Alex Pastor et David Pastor (2020)

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Confiné pour confiné, étant cloitré à la maison, autant regarder un film qui parle de chez soi... J'ai regardé le film comme ça, sans me renseigner auparavant, je ne m'attendais pas exactement à ça... Et tant mieux !


La froideur méthodologique de son héros me dégoûte et me fascine à la fois, Javier me répugne, personne ne peut se sentir en sécurité, d'où mon admiration pour Javier, l'acteur...


Il est totalement seul, le film ne perd pas de temps à expliquer son plan, je suis obligé de le suivre à tout moment pour savoir ce qu'il fait, pour le comprendre, je dois être dans sa tête. Mais plus j'y entre, plus ce que j'y vois me dégoûte, me repousse. Plus je comprend, moins je veux savoir. Mais il est trop tard, le film a déjà piqué ma curiosité. A-t-il toujours été aussi dérangé ? Non, c'est un changement qui s'est effectué en lui, l'ancien publicitaire dépassé du début n'a rien à voir avec le cadre que l'on voit s'éloigner à la fin du film. Il a été bousillé de l'intérieur, "matrixé" (je suis dans le futur, le mot entrera bientôt dans le dictionnaire) par la publicité, la société de consommation. Le changement s'opère tout au long du film, je ne pense même pas qu'il aie des intentions de meurtre lorsqu'il regarde la jolie famille à leur fenêtre, au début. C'est un embrayage qui en actionne un autre.


Le film se subdivise en plusieurs parties, tout d'abord un voyeurisme malsain qui éveille surtout une empathie pour le héros, qui en vient à légitimer de détruire une famille, et une fois qu'il a tué le jardinier pour défendre son plan, puisque le meurtre est plus ou mois légitimé (dans la tête du héros) par le fait que le jardinier lui-même était une menace, alors tous les meurtres en viennent à être légitimés. Chaque nouvelle partie, il perd un peu plus le soutien, l'empathie du spectateur. C'est une des choses qui rendent ce film particulièrement bon.


Le film ne transcende pas via son scénario déjà vu, Gone Girl était d'ailleurs déjà excellent avec une histoire du même type, cette fois-ci du point de vue de la victime (et sans le message sur la société de consommation, la publicité, etc.). Le film montre un personnage avec un objectif simple, qui va surmonter différents obstacles pour finalement arriver à son objectif, on est face à un schéma très classique. Ce qui rend le film réellement perturbant, c'est la façon dont plus le héros se rapproche de son objectif, plus il s'éloigne du spectateur. La "happy end" censée arriver dans le schéma classique se traduit ici par un aveu d'échec de la part du héros (bien qu'il dirait probablement le contraire) qui laisse totalement tomber le spectateur..


Pourtant, les scènes de début et de fin ainsi que tout l'ambiance créée par la mise en scène, sont là pour nous rappeler le véritable ennemi du film, le responsable indirect de la folie et du malheur des gens : la publicité, la société de consommation et, en élargissant un peu le thème, le capitalisme en général... L'originalité étant de ne pas se concentrer sur la lutte des classes comme peuvent le faire les films de BJH, mais surtout sur la force de destruction intellectuelle que constitue la société de l'individu tout puissant et de la consommation à outrance.

reisarb4
7
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le 30 mars 2020

Critique lue 2.4K fois

3 j'aime

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