Le cinéma français nous vend du rêve, de l'espoir. L'espoir que même à 53 ans avec le gros bide à bière de Gilles Lellouche, on pourra encore choper une nana de 30 ans gaulée comme une top-modèle. Le rêve de pouvoir fumer en intérieur, ou d'entrer dans des nightclubs remplis de néons où tout le monde danse à poil sur de la trance, et qui ont quand même plus de gueule que la cave à Reggaeton où je finis mes soirées.
J'ai abordé Chien 51 avec des attentes très modérées, car je suis très rarement séduit par le cinéma français, mais un polar cyberpunk à la sauce parisienne, je n'en avais pas vu depuis le jeu vidéo "Remember Me", et ça ne se refuse pas. Pour illustrer mon niveau d'inculture, je ne connaissais ni Cédric Jimenez ni aucun des acteurs, que ce soit Gilles, Louis Garrel ou Adèle Rastapopoulos. J'en sors avec un désir très modéré d'en apprendre davantage sur eux, car si je n'ai rien trouvé de désagréable dans la réalisation du film ou son interprétation, je n'y ai rien vu d'impressionnant.
Chien 51 fait du cyberpunk light, à la Blade Runner, et le fait bien. Jimenez a compris le genre et en respecte le cahier des charges :
• On y parle de technologie invasive, d'IA néfastes et d'inégalités extrêmes, en mettant les potards au maximum pour illustrer la fracture sociale avec des murs et des barrières de péage.
• Tout est noir, cynique et désabusé, et il pleut pendant presque tout le film
• L'histoire nous parle de contrôle et de surveillance des populations, et bien sûr, ça ne peut pas bien se finir
Chien 51 respecte aussi le cahier des charges du cinéma français, avec notamment le cliché du vieux mâle au bout du rouleau qui séduit une jeunette avec un petit cul moulé dans des pantalons trop serrés, ou des personnages qui jurent comme des charretiers et fument des grosses clopes en plan serré. Et je m'en moque gentiment, mais je vois si peu de film français que je l'ai perçu comme une tare attachante qui contribuait à l'exotisme du film, en accentuant d'autant plus que- Bordel ! C'est quand même du Cyberpunk franchouillard, et que ça sort tellement des sentiers battus que ça mérite le respect.
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J'ai trouvé le film divertissant et bien exécuté pendant sa première heure et demi. Les deux protagonistes sont des clichés éculés, mais leur dynamique fonctionne bien, jusqu'au point culminant d'une scène de karaoké que je n'avais absolument pas vue venir, et qui vaut à l'œuvre un point bonus sur mon échelle scientifique et objective.
C'est bien mis en scène, les décors ont la classe, les effets spéciaux sont propres, et les scènes d'action lisibles et haletantes. Les rebondissements ne devraient pas beaucoup vous surprendre, mais avec le cerveau suffisamment éteint, je me suis laissé porter par l'enquête et le film m'a fait passer un bon moment, à l'exception notable de son tout dernier chapitre (la zone 1) où le rythme se casse la gueule, avec des révélations à l'arrache qui donnent l'impression que Jimenez ne savait pas comment conclure son film.