Tel semble être le programme de ce premier long métrage du jeune Josh Trank, écrit par Max Landis, fils du célèbre John Landis (« The Blues Brothers », « le Loup-garou de Londres »). Les 3 héros de cette œuvre oscillant entre teenage movie et film de super-héros commencent par profiter de leur pouvoir télékinésique en faisant à peu près tout ce qu’un ado peut rêver de faire : blagues de mauvais goût terriblement drôles, vengeances de bas étage, jeux divers et tutoiement d’avion qui manque de tourner à la catastrophe. Le virage plus sombre du film et la descente aux enfers d’Andrew sont négociés de manière relativement habile par le film, qui verse ensuite dans un affrontement plus balisé – mais spectaculaire – entre bon mutant et méchant mutant, à la manière d’un nouveau préquel de « X-Men ».


Intérêt principal du film, le héros décide de filmer tout ce qu'il vit avec une belle caméra numérique, afin d'attester de sa vie foireuse et de son mal-être. Le résultat est convaincant, loin des clichés habituels pendant une bonne moitié du film. Il filme ainsi longuement les violences familiales, la vie au lycée, les soirées. L'argument du film étant que tout ce qu'on voit est tiré de sa caméra : ce qui permet ce tour de force théorique est de dire qu'avec ses pouvoirs télékinésiques, il peut envoyer sa caméra n'importe où et donc se filmer pendant ses exploits. Un peu artificiel par moments mais après tout pourquoi pas ? Nettement plus douteux en revanche, l'intrusion d'un autre personnage filmeur en la présence d'une fille superficielle et inintéressante censée apporter un contrechamp (maladroit) à tout cela. Et cette volonté acharnée de justifier subjectivement le moindre plan tourne à force au procédé.



L'autre sujet du film, c’est de montrer comment ce pouvoir qui tombe sur des « guys next door » aux profils divers – et un peu trop stéréotypés – va les changer, en bien ou en mal. Le héros devient un déséquilibré usant de son pouvoir comme instrument de sa vengeance, et le film bascule alors dans des clichés quasi permanents dont le spectaculaire des images ne pallie pas toujours les faiblesses d'écriture. C'est dommage car le film s'essouffle alors et ennuie, versant carrément dans le n'importe quoi lors du ridicule épilogue un peu fauché et mièvre qui ménage de la place pour une suite si le film cartonne. Bon sujet, bonnes idées et bon traitement, mais une œuvre qui ne tient pas la longueur.
Krokodebil
6

Créée

le 13 mai 2013

Critique lue 652 fois

6 j'aime

Krokodebil

Écrit par

Critique lue 652 fois

6

D'autres avis sur Chronicle

Chronicle
Hyunkel
4

Trois garçons dans le vent

Nuit blanche à Seattle, où trois garçons ordinaires font une découverte qui va bouleverser leur quotidien. Josh Trank, pour son premier film, choisit de mixer le film de super héros avec le concept...

le 25 févr. 2012

62 j'aime

13

Chronicle
Buddy_Noone
7

Super-complexe d'infériorité

A mon sens, le found footage n'a toujours été qu'un genre opportuniste, dont l'approche subjective ne sert essentiellement qu'à masquer le manque d'ambition des scénarios qu'il met en scène. De même...

le 9 nov. 2014

55 j'aime

1

Chronicle
Matrick82
4

Cro niqué... (ho ho ho ho)

J'ai pas envie de commencer une critique par un "ce film est une merde" bien peu objectif. Mais il faut le reconnaitre... Ce film est une merde. Pourquoi a t-on droit à de pales caricatures...

le 7 oct. 2013

54 j'aime

23

Du même critique

Rush
Krokodebil
8

Le bec de lièvre et la tortu(rbo).

Pourquoi aimé-je le cinéma ? On devrait se poser cette question plus souvent. Elle m'est venue à l'esprit très rapidement devant ce film. Avec une réponse possible. J'ai d'ailleurs longtemps pensé...

le 29 sept. 2013

126 j'aime

12

Mister Babadook
Krokodebil
7

Mother, son, wicked ghost.

La cinéma australien au féminin est fécond en portraits de femmes un peu paumées, ou complètement névrosées. Il y a les héroïnes têtues et déterminées de Jane Campion, les monstres effrayants (Animal...

le 31 juil. 2014

102 j'aime

10