Mécontent d'une première version tournée quelques mois plus tôt, Pagnol s'auto-remake avec cette version avec Arnaudy qui faisait, d'après une citation de lui sur la jaquette hurler de rire l'équipe technique, les monteurs et tout les participants...
Plus que le remake, pour moi, c'est le premake qui m'intéresse ici ayant vu enfant une version avec Michel Galabru, probablement téléfilmée qui m'avait beaucoup marqué comme m'ayant appris un nouveau mot : grivèlerie.
La grivèlerie, c'est le délit qui fait que vous allez vous engloutir un merveilleux repas au restaurant sans en avoir les moyens...
Ici, le propos du film est merveilleux de drôlerie jubilatoire. Un vieux cuisinier installé sur un site touristique refuse de servir ses clients par amour du métier et gentille misanthropie jusqu'à ce que son ancienne blanchisseuse se propose d'ouvrir une auberge dans le voisinage afin de contenter ses clients désappointés...
Après les pieds paquets de l'introduction et les petits oiseaux à la broche bardés de lard, nous suivons avec délectations la préparation de la bouillabaisse à la rascasse et du pintadeau aux herbes de Provence avec sa petite salade du cru...
Pendant ce temps-là, la guerre des restaurateurs fait rage au village et l'enjeu sur la première journée de chiffre d'affaire fera frémir les plus courageux d'entre vous...
Alors, c'est un film de 1935 à la bande-son imparfaite, surtout que ça parle le sudiste comme pas vous et pas moi, mais ça fleure bon la boustifaille comme rarement...
Malheureusement, Arnaudy joue Cigalon, la verve hystérique, l'oeil torve, le bave aux lèvres alors qu'il aurait fallu la faconde d'un Guitry ou mieux, l'imposante présence bougonne d'un Raimu...
Sans gâcher complètement le film, le misérable empêche néanmoins de digérer parfaitement un gueuleton qui se présentait pourtant sous les meilleurs hospices...