Séjours d'Après

Cinq Survivants (Five) de Arch Oboler sorti en 1951 est souvent considéré comme le tout premier récit post apocalyptique nucléaire de l'histoire du cinéma. Avec très peu de moyen et un minimum d'effets le réalisateur nous invite donc à suivre une poignée de personnages confrontés aux fameux jours d'après.

Cinq Survivants c'est donc l'histoire d'une apocalypse nucléaire mondiale. Une jeune femme enceinte trouve refuge auprès d'un homme vivant dans une maison isolée en pleine nature , ils seront bientôt rejoint par deux autres hommes un vieux banquier et un afro-américain, puis par un aventurier raciste et autoritaire.

Cinq Survivants ressemble un peu à un épisode de Twilight zone qui durerait trois fois trop longtemps. Il se dégage tout de même du film cette petite ambiance noir et banc très agréable de science fiction et de fable propre à l’éternelle série présentée par Rod Serling. Le film de Arch Oboler reste une œuvre à petit budget et en guise de fin du monde il faudra se contenter d'images figées de lieux emblématiques de la planète avec une épaisse fumée noire devant, idem pour les rares plans de villes désertes avec quelques squelettes dans le décor. Cinq Survivants situe l'essentiel de son action dans une grande maison en pleine nature qui n'est autre que celle du réalisateur lui même . Autant dire que l'apocalypse ressemble ici bien plus à un week-end au fin fond de la creuse qu'à un film catastrophe de Roland Emmerich. On ne saura jamais trop pourquoi les personnages semblent plus ou moins immunisés aux radiations et d'ailleurs jamais le poids d'une menace nucléaire ne se fera vraiment ressentir dans les événements et les comportements des différents protagonistes. Pas de crainte de l'autre potentiellement contaminé, pas vraiment de problème de faim, pas de défiance envers l'inconnu, pas de recherche de ressources ou de nourriture non contaminée… Tout le monde cohabite, s’entraide et se soutient dans ce qui ressemble trop souvent à une innocente partie de campagne. Le film souffre également de ne jamais proposer une réelle notion du temps qui passe. Il faudra fort donc attendre l'arrivée du cinquième personnage un alpiniste, aventurier, raciste et égoïste pour que quelques petits enjeux dramatiques se glissent enfin dans le récit avec des conflits internes au groupe. On ne le dira jamais assez mais un bon méchant ça booste toujours l'intérêt d'un film. Malgré cela l'ensemble reste tout de même assez plat et bien plus anémique qu'atomique.

Le film de Arch Oboler reste toutefois agréable à regarder ne serait ce que pour ses interprètes qui sans faire d'éclats récitent une partition le plus souvent juste et mesurée. On retiendra surtout le personnage de Roseanne, seule femme de cette bande de survivants interprétée par Susan Douglas Rubes qui nous offrira in fine le seul moment vraiment émouvant du film. Pour le reste on notera aussi pour l'anecdote qu'une scène du film se déroule sur la même plage que celle de la fin de La Planète des Singes de Franklin J Schaffner , un décorum qui décidément se prête merveilleusement bien à la fin du monde.

Cinq Survivants et son récit assez paisible de fin du monde après une apocalypse atomique reste une petite curiosité de science fiction pas du tout désagréable à regarder surtout lorsque le film de Arch Oboler fait penser à Twlight Zone. La menace trop peu prégnante à l'image et le manque d'enjeux puissants, même si il se déroule de nombreux incidents dramatiques à l'écran, empêche toutefois de pleinement adhérer au récit.