Pour ce film, Hitchcock fût louer par Selznick au studio Universal. Émancipé de la mainmise oppressante du producteur, Hitchcock put s’adonner à sa création autant que possible. Le film poursuit la trilogie anti-nazie du cinéaste, entamée avec Correspondant 17 et poursuivie avec Lifeboat. Il s’ouvre sur l’incendie d’une usine d’aviation. Disposant de peu de moyens, 700 000 dollars, beaucoup moins qu’une production Selznick, Hitchcock dut ingénieusement bricoler ses inventions visuelles pour, de manière rudimentaire, réussir ses effets de suspense.

Après les fastes stylistiques de Rebecca, La Cinquième colonne trouve une simplicité, différente mais tout aussi énergique. L’incendie qui se déclare en ouverture est symptomatique : Plan de demi-ensemble sur un mur en tôle ; de la droite du champ se propage une épaisse fumée noir qui, alors qu’elle recouvre l’ensemble du cadre, enclenche une alarme saisissante ; Raccord sur la salle à manger où se lève, du fond jusqu’au premier plan, chacun des ouvriers, eux aussi surpris par l’alerte. L’incendie est déclaré. En deux plans, d’une mise en scène très simple, Hitchcock produit un effet d’urgence poignant. A l’issue de cette séquence, le meilleur ami du protagoniste, Barry Kane, mourra dans les flammes. Par un jeu d’imbroglios, Barry sera inculpé pour sabotage.

Comme c’est le cas depuis, au moins, Jeune et innocent, Hitchcock fait le récit d’un innocent suspecté d’un meurtre, contraint de prouver par lui-même son innocence. Le récit est mené avec une dextérité narrative et visuelle exemplaire, jusqu’à culminer à un final magistral, au sommet de la statut de la liberté (voyez le symbole de l’histoire !) où, sans la musique de Frank Skinner, avec le vent comme seul bruit de fond, Barry Kane tente de retenir un pro-nazi suspendu dans le vide par la manche. Sous le poids, celle-ci commence à se découdre… À chaque scène, jusqu’à la dernière, La Cinquième colonne produit un remarquable exemple de suspens et de comment on peut en produire malgré des moyens réduits.

YasujiroRilke
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Yasujirô Rilke

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