Sorti en 2011, Citizen Gangster de Nathan Morlando retrace l’histoire d’Edwin Boyd, vétéran canadien de la Seconde Guerre mondiale devenu braqueur de banques dans les années 1950. À travers ce biopic inspiré de faits réels, le réalisateur semble vouloir explorer les tourments d’un homme brisé par son époque, partagé entre frustration sociale et quête de reconnaissance. Pourtant, malgré un sujet fort et un cadre historique propice à une réflexion sur la condition humaine, le film laisse une impression mitigée. Ma note de 5.5/10 reflète ainsi un sentiment de demi-réussite : si Citizen Gangster pose les bases d’un récit prometteur, il échoue à pleinement les exploiter. Nous verrons en quoi ce film, bien que sincère et visuellement soigné, souffre d’un traitement trop superficiel pour véritablement marquer.
Le choix de centrer le récit sur Edwin Boyd, figure méconnue mais fascinante de l’histoire criminelle canadienne, est en soi une promesse narrative forte. Le film évoque des thématiques intéressantes : le désenchantement de l’après-guerre, la difficulté de réinsertion des anciens soldats, et la tentation d’une vie marginale comme échappatoire au conformisme social. Toutefois, ces thématiques ne sont jamais réellement approfondies. Le personnage principal, interprété par Scott Speedman, reste souvent opaque : ses motivations sont floues, ses dilemmes à peine esquissés. Cette absence d’ancrage psychologique empêche le spectateur de s’attacher pleinement à son parcours, pourtant riche de contradictions.
Sur le plan esthétique, Citizen Gangster bénéficie d’une photographie soignée et d’une reconstitution d’époque crédible. Le film adopte un ton sobre, presque contemplatif, qui traduit bien le climat de désillusion ambiant. Toutefois, cette retenue devient un frein dès lors qu’elle s’applique à des séquences censées être intenses ou dramatiques. Les scènes de braquage, par exemple, manquent d’énergie et de tension, alors même qu’elles devraient constituer les temps forts du récit. De manière plus générale, la mise en scène paraît trop prudente, presque académique, comme si le réalisateur hésitait à pleinement embrasser le chaos intérieur de son personnage.
Un autre point faible réside dans l’écriture des personnages secondaires. La femme d’Edwin, incarnée avec justesse, aurait pu servir de miroir émotionnel ou de point d’ancrage dans la réalité, mais elle reste cantonnée à un rôle secondaire sans réelle évolution. De même, les membres du gang manquent d’épaisseur et n’apportent que peu de relief à l’intrigue. Ce manque d’interaction humaine forte renforce l’impression d’un film centré sur un seul axe narratif, là où une vision plus chorale aurait pu enrichir le propos.
En somme, Citizen Gangster est une œuvre à la fois ambitieuse dans ses intentions et frustrante dans sa réalisation. Nathan Morlando signe un premier film honnête et respectueux de son sujet, mais trop sage pour véritablement émouvoir ou bousculer. Malgré un cadre historique intéressant et une certaine élégance visuelle, le film souffre d’un traitement narratif trop superficiel et d’un manque de tension dramatique. Il en résulte une œuvre correcte mais inaboutie, qui laisse une impression de potentiel inexploité. À l’image de son personnage principal, Citizen Gangster semble tiraillé entre plusieurs directions, sans jamais parvenir à pleinement trouver la sienne.