Spectateur Lambda qui n'a ni la prétention d'être un cinéphile extrêmement pointu capable d'analyses techniques et de citations pointues, ni d'avoir vu tous les films, mais qui aime avec passion le cinéma.

Si j'ai choisi de me présenter ainsi aux autres membres de SC, c'est bien parce que je confesse une cinéphilie tardive ou tout du moins avec beaucoup de lacunes, Citizen Kane fut l'une d'elle jusqu'en 2020, mais je pense qu'une grande oeuvre si elle est vraiment réussie ne souffrira pas d'une découverte tardive.

Enfin, j'ai vu ce fameux film considéré comme le meilleur jamais réalisé, enfin j'ai comblé cette lacune.


Il est évident que c'est un grand film, une pierre angulaire du cinéma mondial, mérite-t-il pour autant ce titre ?


L'histoire en elle-même, celle d'un magnat de la presse milliardaire, qui s'évertue à vouloir être aimé, à vouloir être populaire, mais dont les maladresses, une certaine paranoïa à propos des gens qui l'entourent, sa volonté de tout vouloir contrôler y compris les destins de celles qu'il aime, finissent petit à petit par l'isoler dans son palais et dans sa vie, jusqu'à enfin comprendre mais trop tard, que ce qui lui a le plus manqué est une enfance.


Là où cette oeuvre est absolument fascinante, c'est dans sa narration, sa mise en scène, sa photographie et sa grammaire. Si l'on compare avec un autre grand film sorti à la même époque, Casablanca (1942) on remarque tout de suite, que de plans fixes on passe à des mouvements de caméra qui aiguillent le spectateur dans le récit, on trouve également une nouvelle façon d'éclairer les scènes et les personnages, les visages plongés dans l'ombre des journalistes lorsqu'ils s'interrogent sur la signification des dernières paroles de Kane, illustrent leur ignorance ou lorsque Kane est dominé par le décor ou quand il dialogue avec sa première femme et qu'ils sont physiquement à la fois proches et loin, tous ces détails sont les prémices de la règle d'or du cinéma d'aujourd'hui "plutôt montrer que dire", Orson WELLES utilise l'image comme un vecteur de son message, l'image nette sur tous les niveaux de plans, technique inspirée de son travail au théâtre et qui laisse au spectateur le choix de focaliser son attention partout dans le cadre.


De plus, une totale liberté sur le montage final, le fameux "director's cut" sorte de graal du réalisateur libéré des carcans des studios, anticipe avec près d'une décennie la théorie du nouveau cinéma.


D'avantage que le titre de meilleur film de tous les temps, bien qu'absolument maîtrisé et pertinent, je lui donnerai le titre de film révolutionnaire, du film qui marquera à jamais un avant et un après dans l'art de filmer et réaliser, dans l'utilisation de tous les outils à sa disposition pour raconter un récit, dans cette obsession de quitter la narration linéaire et chronologique pour mieux se concentrer sur une émotion ou un fait, bref Welles réinvente le cinéma, et celui-ci continue de le remercier.

Spectateur-Lambda
9

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Créée

le 5 oct. 2022

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