Il est très difficile de parler de ce genre de films dans la mesure où le message passe définitivement devant la technique cinématographique car il est la seule chose importante ici.
Sans aller jusqu’à dire qu’il n’y a aucune vertu artistique dans Citizenfour, force est de constater que ce n’est pas ce qui intéresse Laura Poitras ici. Que les plans soient beaux, que la photographie soit réussie, elle s’en fout un peu. De toute manière, c’est un pur film de montage dans la mesure où il faut que le message d’Edward Snowden passe. Dans la plus grande tradition des documentaires d’Oliver Stone, réussis ou pas, on passe cinquante minutes au même endroit (dans la chambre d’hôtel à Hong Kong d’Edward Snowden), où l’on observe des fuyards. Cela ferait un thriller efficace si ce n’était pas un documentaire, ce qui le transforme en tragédie humaine et surtout si l’introduction était un peu moins didactique et donc assez peu intéressante. Poitras prend corps et âme pour Edward Snowden, même pas trentenaire au moment des faits et pourtant déjà recherché par la quasi-totalité des services secrets des USA, ce qui peut poser un problème quant à la véracité de l’histoire et à la probable mise en scène de certains mots d’esprit comme ce bout de papier déchiré en 20 qui garde cependant la mention P.O.T.U.S. immaculée… Pour ceux qui voulaient vraiment avoir un point de vue impartial sur l’affaire, ce n’est clairement pas le film à voir.
Mais Citizenfour est un film qui parvient à être passionnant malgré sa forme rustre et son absence d’information impartiale. Mais le courage de l’entreprise ne peut qu’être remarquable.