Encore une réussite pour le britannique Alex Garland qui décidément valide tous ses essais, les plus osés soient ils. Après Ex Machina, Annihilation et Men, il fait encore ici preuve d'une réelle invention et d'une efficacité totale. Le sujet n'est pourtant pas facile à priori car une guerre civile dans un avenir assez proche aux Etats Unis, on peut éventuellement l'imaginer vaguement mais en faire une histoire crédible sans l'aide d'un roman pré existant, c'est un bel exploit, ce qui prouve au passage que Garland est un véritable auteur. Peu importe ici si on ne saisit pas les tenants et les aboutissants de ce conflit, peu importe si les enjeux restent flous et si l'on ne sait pas comment tout ça finira, là n'est pas le sujet. On suit ici l'équipée de 4 journalistes partant sur la route afin de suivre au plus près les évènements et se rapprocher de la vérité du conflit, leur avancée sur le territoire étant ponctuée d'étapes et de rencontres toujours plus sidérantes les unes que les autres. Et on touche ici de près à la réalité de la violence de la guerre, le réalisateur sachant nous la montrer avec réalisme mais aussi virtuosité. Il sait aussi nous la faire entendre comme on ne la peut être encore jamais entendue car il faut le dire, le plus impressionnant dans ce film, c'est peut être le bruit des balles et des explosions. Il y a beaucoup de scènes dans ce film qui resteront marquantes comme l'assaut final sur la maison blanche et l'assassinat du président. Mais la scène la plus glaçante, celle qui vous tétanise sur votre siège de spectateur est surement le passage dit "du charnier" ou un milicien en lunettes roses interprété par Jesse Plemons fait régner une justice pour le moins radicale, expéditive et arbitraire. Tension extrême !
Pour l'ambiance globale du film et son coté chaos généralisé, on peut penser aux "fils de l'homme", autre grand film. Pour le casting, rien à redire avec entre autre une Kirsten Dunst comme on ne la jamais vue. Pour la bande son, les morceaux choisis sont plutôt inattendus mais ils s'ajustent bien (Suicide, De La Soul, Silver Apple).
Du grand cinéma: spectaculaire, brillant et émouvant tout à la fois, ce qui n'est pas si courant avouons le.