Le réalisateur revient cette année avec un film moins ambitieux, moins événementiel car ne brandissant ni grand concept comme programme (l'amour dans Love, la mort dans Enter the void) ni scénario vraiment développé.


Or, Climax, aussi modeste et anecdotique qu'il soit sur le papier (il a été tourné en 15 jours seulement), est un énorme morceau de cinoche, bien plus riche que le vide scénaristique que laisse entendre le script de deux lignes. En effet, je ne peux nier la faiblesse du script qui se résume grosso modo à une fête de danseurs qui finit très mal. Et pourtant, cette épure scénaristique permet à Noé d'étoffer son discours, qui passe essentiellement par l'image, sur la jeunesse, la drogue... Noé refuse toute littérature pour se concentrer sur les corps. C'est d'ailleurs sur ce point qu'on peut lui reprocher des défauts : les scènes avec le plus de dialogue sont les moins réussies, les moins intrigantes, les moins fascinantes. En effet, durant deux scènes où les personnages apparaissent face caméra, on entend des banalités sur la danse, le sexe opposé, la sexualité, l'amour, l'espoir, les rêves. Ces scènes sont inutilement longues et cassent le rythme du film, faisant retomber un souffle et une ambiance des plus spéciaux. Non seulement, ces dialogues sont d'une vulgarité et d'une vacuité sans nom, mais ils sont aussi une offense à la jeunesse et aux artistes.


Néanmoins, ces deux scènes permettent de présenter les personnages de manière équitable tandis que la seconde inaugure un malaise, une gêne qui iront crescendo jusqu'à la fin. En effet, Noé laisse paraître la libido démesurée de tous les danseurs, désinhibée par l'alcool et la drogue, à travers leurs mots crus et leurs pensées malsaines. Noé orchestre ensuite avec une maestria exceptionnelle la lente mais brutale et tragique fièvre qui prend possession des personnages. Par strates, le réalisateur filme la folie provoquée par l'alcool et la drogue de manière juste car justement il se concentre sur le caractère progressif de la chose. Le réalisateur opère brillamment les passages de la danse à la transe, de la danse professionnelle à la danse perverse, de la danse collective à celle plus solitaire. A travers cette troupe de danseurs, il capte les angoisses de notre époque, devrais-je dire de toutes les époques : la peur de l'autre, de la différence.


Pour en lire plus, cliquez sur ce lien ;


http://cinedelirious.blogspot.com/2018/10/climax.html

lucaslgl
8
Écrit par

Créée

le 3 oct. 2018

Critique lue 241 fois

2 j'aime

lucaslgl

Écrit par

Critique lue 241 fois

2

D'autres avis sur Climax

Climax
Velvetman
7

La nuit des morts vivants

Gaspar Noé est un cinéaste à part dans la sphère cinématographique hexagonale. Son style, clivant produit soit une admiration ou un rejet total, en fonction de la perception même du spectateur qui se...

le 18 sept. 2018

156 j'aime

7

Climax
takeshi29
10

Fais pas ch... si tu veux lire une vraie critique, reviens en septembre

Quoi de plus logique que de clôturer cette journée ciné du 22 juin 2018, débutée en compagnie de Andrei Zviaguintsev puis poursuivie à côté d'Abel Ferrara à deux reprises, avec une petite...

le 18 juil. 2018

107 j'aime

30

Climax
Moizi
9

Une critique française et fière de l'être

Séance unique en Guyane pour ce film, je ne savais rien, je n'avais vu aucune image, je ne suis même pas sûr d'avoir vu l'affiche en grand, je savais juste que c'était le dernier Gaspard Noé et que...

le 3 oct. 2018

81 j'aime

4

Du même critique

Climax
lucaslgl
8

Un trip vertigineux

Le réalisateur revient cette année avec un film moins ambitieux, moins événementiel car ne brandissant ni grand concept comme programme (l'amour dans Love, la mort dans Enter the void) ni scénario...

le 3 oct. 2018

2 j'aime

Dans un jardin qu'on dirait éternel
lucaslgl
8

Un film japonais délicat et, surprise, très drôle

Fan de cinéma japonais, j'appréhendais la sortie de ce film au vu de la bande annonce et du sujet. Il est vrai qu'on peut craindre le pire : on comprend assez vite que le film sera rythmé par les...

le 6 sept. 2020

1 j'aime

Pompei
lucaslgl
5

Une coquille plutôt vide mais crépusculaire

John Shank, auteur de L'Hiver dernier avec déjà Vincent Rottiers, s'est associé à la chef décoratrice Anna Falguères pour réaliser un film parfait pour la fin d'été. Enfin, parfait, c'est à...

le 2 sept. 2020

1 j'aime