C'est raté, mais ça reste mieux que 50 nuances de Grey

C'est le réalisateur de Pretty Woman qui adapte un livre d'Anne Rice (Entretien avec un Vampire) sur le sado-masochisme avec Dan Aykroyd et Rosie O'Donnell et... ça devient un hybride bizarre entre un téléfilm érotique façon Hollywood Night (sur du Enigma) et un buddy movie policier.


Le film figurait dans "ma pile à Nanar achetés à Noz." Pour le coup, je me demande vraiment si Noz avait légalement le droit de vendre ce film, vu que la jaquette, totalement en anglais avait visiblement été imprimé avec une imprimante à encre et le DVD a l'intérieur était un DVD gravé. La jaquette ne me disait rien, le résumé était en anglais, et j'ai fait "bah on va tester"


Et au final, si après coup, j'ai appris que le film s'était fait descendre et était considéré comme un des pires navets de l'année 1994, gagnant de nombreux razzie awards mais en vrai... je l'ai pas trouvé si mauvais que ça. C'est clairement un film bancal, mais il a quand même réussi à me faire sourire plusieurs fois même si je ne savais vraiment pas ce que j'étais en train de voir.


Le BDSM mignon


Bon, le film est une très mauvaise adaptation d'un livre qui racontait comment un jeune photographe se retrouvait sur une ile de BDSM, commençait à nouer une relation amoureuse avec une maitresse SM et se retrouvait à faire le tour du monde avec elle, le tout incluant pas mal de scènes de sexe bisexuel. Bon, déjà ça a été bien radouci puisque dans le film, la dominatrice découvre qu'après une bonne dizaine d'année a jouer la mère fouettard, elle a une grosse envie de câlins et de projets de mariages.


Mais surtout, l'histoire est super mal racontée, très clichée et pas vraiment subversive (la scène la plus choquante est une fessée avec une petite brosse à cheveux... on est loin des scènes d'orgies sexe sado-maso du livre.) Sans compter que les acteurs principaux sont pas super charismatique : Paul Mercurio est juste un "johnny bogosse" ordinaire (dire qu'à la base il devait s'agir d'Antonio Banderas) et Dana Delany est une actrice bien trop sage pour être crédible en dominatrice.


Toute cette partie ressemble à un téléfilm érotique gentiment rigolo avec plein de gens en sous-vêtements, et j'avoue avoir pouffé de rire devant une scène où un vieux se rend compte qu'il s'est trompé de réservation ou dans une autres où des femmes jouent au ping-pong avec des mecs en guise de balle. Mais il faut l'avouer c'est dans cette partie que l'on trouve surtout des scènes d'amour interminables ou des scènes de plans généraux sur des tubes de l'époque, dont deux chansons de Enigma. Même si j'ai apprécié le shot de nostalgie (j'aimais bien Enigma gamin, même si je me demandais pourquoi on entendait toujours une femme essouflée dans leur chanson) voir le héros partir pour une ile de partouzeurs sur l'air de "Return to Innocence" m'a fait un peu pouffé de rire.


Les flics par dessous tout ça


Suite à une projection presse calamiteuse, ils ont collés à la truelle une intrigue autour de voleurs de diamants qui veulent récupérer des photos d'eux prise par le journaliste (ça c'est pour le côté "Hollywood Night") et d'un duo de policiers pantouflards qui doivent s'incruster dans l'ile incognito et qui sont joués par un Dan Aykroyd vieillissant et une Rosie O'Donnel en début de carrière. Et au final, cette partie exploite au moins de la moitié du film et hérite des meilleurs passages, même si les deux voleurs de diamants sont trop idiots pour être crédible


Même si ça donne un film complètement bancal, c'est assez drôle de voir ces deux flics vraiment ordinaires, à la vie très plan-plan lâchés dans ce monde où tout le monde ne pense qu'au stupre et à la fornication. Aykroyd est littéralement dans le rôle du "type dans un porno qui est venu recoller la moquette" mais il a quelques répliques sympa et sa dégaine de pépère moustachu lui confère un aura sympathique. En plus, il n'a aucune réplique mysogine et il aide plusieurs fois sa collègue en difficulté.


O'Donnell est assez marrante dans son rôle de flic qui tente de faire de l'infiltration même si elle n'a aucune connaissance dans les métiers qu'elle doit jouer : dans le début du film elle tente de se faire passer pour une strip-teaseuse et on voit visiblement qu'elle a beau essayer de mettre de l'entrain, c'est pas son métier. Son personnage est limite asexuel (et sans doute calqué sur le fait qu'O'Donnel, lesbienne, n'avait sans doute rien à carré d'être dans le paradis du plaisir hétérosexuel) et que ce qu'elle retire de son enquête, c'est l'opportunité d'être en vacances tout frais payé sur une ile paradisiaque, même si celle-ci est remplie de gens prêt à se sauter dessus (et occasionnellement sur elle) c'est secondaire.


Elle traine en t-shirt au lit, elle pose plein de question naïve et se balade une partie du film dans une dégaine de madame-tout-le-monde. Elle repousse comiquement l'esclave qui est rentré chez elle pour lui faire des avances sexuelle, elle fait des réflexions sarcastiques, elle regarde cet univers en sachant qu'elle est un poisson hors de l'eau. Et ce côté décontracté fait beaucoup pour la sympathie que j'ai pour son personnage


Toutefois, une partie de l'humour du film est basé sur le fait qu'elle "est grosse" au milieu de gens très beau et très sexy... alors qu'en vrai, ça va. J'ai vu des artistes de cabarets burlesques plus en chair qu'elle. On sent qu'entre temps la société à un peu changé son regard quand aux canons de beauté et du coup, ce qui était censé être ridicule (la voir porter une tenue sado-maso) s'avère être juste banal. Ça accentue encore plus le côté "BDSM mignon" du film.

Et à la fin du film, elle sort littéralement avec Christian Gray


Mais au final ça donne un film de 1h50 assez bancal où tu a l'impression qu'il y a trois ou quatre introductions et qu'il aligne plein deux histoires qui ne s'emboitent pas ensemble, voire qui sont contradictoire (le photographe serait le seul à avoir pris en photo un expert en déguisement que personne n'a pris en photo depuis des années... alors que celui-ci était déguisé) et idem pour la fin qui s'étire dans sa conclusion (tout ça pour finir sur une blague pouet pouet de demande en mariage .)


On est loin du nanar, ni même de la purge annoncée. C'est un film qui a beaucoup trop de défaut, mais qui a quand même réussi à me faire sourire par moment et ça, c'est déjà pas mal.


(Incroyable, je suis la seule personne sur Sens Critique a avoir un avis sur ce film.)



le-mad-dog
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le 28 juin 2025

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Mad Dog

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