Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Quiconque connaît dans sa famille le drame d'Alzheimer ressortira de "Coco" le cœur brisé et l'âme grandie. Cette scène immense qui voit la mémoire revenir irriguer le cerveau abîmé de Coco, par la magie d'une simple chanson, bouleversera tous ceux qui attendent - la plupart du temps en vain - sur le visage éteint de ceux qui nous aimaient et qui nous ont oubliés que revienne la lumière de la reconnaissance.


A partir de là, il m'est impossible de juger "Coco" avec la moindre objectivité. Et si le dernier Pixar souffre de quelques défauts qui le placent peut-être un poil en-dessous des plus grandes réussites du studio, cela ne me paraît pas le moins du monde important.


Car l'honneur de la bande à Lasseter (bande qui ne doit plus vraiment exister, mais rêvons un peu...) défendu bravement par Lee Unkrich et Adrian Molina, c'est aussi d'aborder dans "Coco" la belle culture mexicaine avec le même respect mêlé de passion dont "Ratatouille" avait témoigné dans sa compréhension de la substance profonde de la gastronomie française : il est d'ailleurs éclairant que dans les deux films, c'est fondamentalement la mémoire que la tradition défend et protège ! Le film ayant été semble-t-il un triomphe au Mexique, on peut donc sans réserve louer la véritable résistance que représente cette démarche au sein même de l'une des machines désormais les plus monstrueuses de l'Empire Américain.


Film graphiquement magnifique, remplissant généreusement le coeur de ses spectateurs des plus belles couleurs de la vie (même si ces couleurs sont ici, joli paradoxe conceptuel bien dans l'esprit Pixar, l'apanage du monde des esprits...), "Coco" dépasse allègrement les habituels ressassements américains sur l'importance de la famille pour nous rappeler le plus beau des secrets, celui que l'Art nous révèle encore et toujours : c'est bien l'Amour qui nous enchante, et qui fait monter à nos lèvres nos plus belles chansons. Un secret que, même sans souffrir (encore...) de la maladie d'Alzheimer, nous n'arrêtons pas d'oublier.


[Critique écrite en 2017]


Critique publiée sur Benzine Magazine : https://www.benzinemag.net/2017/12/17/coco-meilleur-pixar-lustres/

EricDebarnot
8
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le 16 déc. 2017

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Eric BBYoda

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