Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Si je vous dis coco, à quoi pensez-vous? Au gros bousin avec Gad Elmaleh? À Chanel? Au très fameux "I'm in love with the coco"? Et bien non! Il sera question aujourd'hui du dernier film d'animation des studios Pixar: Coco!


Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, en voici un bref résumé: Miguel est Mexicain, a 12 ans et veut jouer de la guitare. Seulement voilà, sa famille (traumatisé par le départ inexpliqué d'un membre de la famille qui était musicien) lui interdit fermement de toucher n'importe quel instrument. Le soir du "Día de los Muertos" il se retrouvera dans le royaume des morts et devra résoudre plusieurs intrigues liées à ses ancêtres. Je vous l'accorde, on a vu plus joyeux comme histoire!
Mais après tout, qu'est-ce que ça vaut réellement Coco? Est-ce le chef-d'oeuvre vendu par tant de monde? Ou bien est-ce un banal film d'animation? Nous allons essayer d'éclaircir un peu tout ça en étant le plus objectif possible. S'il y a bien une qualité qu'on peut pas enlever au film c'est bel et bien son inventivité et sa direction artistique. Pour ce qui est du monde réel, rien de bien folichon dans l'imagination mais il y a une attention portée au détail qui fait clairement plaisir.


J'aime surtout l'ambiance joyeuse et festive de cette journée (triste chez nous) avec toutes ces couleurs portées à l'écran et notamment l'orange qui reviendra à plusieurs reprises. Ça change clairement de notre société avec ses chrysanthèmes grisounets et ses lamentations. Je sais bien que chacun veille ses morts comme il le souhaite mais cela fait du bien de voir une culture où ce jour est plus une fête pour communier avec les morts qu'une doléance. Surtout que, ne nous mentons pas, on ne connaît que très peu les détails précis de cette cérémonie mis à part les fameuses calaveras que tout le monde arbore pour Halloween. C'est donc une réelle découverte réjouissante haute en couleur qui s'opère. Mais si ce n'était que ça...


Car oui s'il y a bien un point sur lequel Coco n'est pas du tout critiquable c'est bel et bien pour la direction artistique de son monde des morts. Nous découvrons comme Miguel, avec nos yeux émerveillés de spectateur, une société totalement régie et peuplée par les morts. Dit comme ça cela pourrait paraître malsain mais il y a une telle énergie et allégresse dans ce monde qu'il en devient plus vivant que le nôtre. L'au-delà est en constante action et les éléments du décor le rappellent à chaque fois (le pont aux feuilles mouvantes, les transports en public et la musique des Mariachis). À la manière d'un Bojack Horseman dans son épisode sous-marin, le film fait preuve de réelles trouvailles propres à son univers (comme les scans faciaux ou les animaux multicolores). Il prend de réels partis pris esthétiques et ça fait du bien bon sang! Surtout lorsqu'on voit le résultat magnifique que cela donne avec le lion/oiseau bizarre. 


Malheureusement, comme dans toute société il faut bien un côté sombre et Coco le dépeint avec une justesse déconcertante. Pour faire simple, nous apprenons que les morts doivent avoir leur photo dans le monde réel et être aimé par leurs proches pour ne pas disparaitre. Ainsi il y a une réelle fracture entre la ville principale où des proches pensent à leurs morts et les malheureux oubliés. Ces derniers vivent dans des bas-fonds où toutes les couleurs et la joie précédente ont disparu. Tout y est froid, sombre et les os des squelettes ne sont pas si blancs ou en bon état que ceux des autres. Mon dieu que cela fait de la peine de voir ces pauvres personnes toutes seules mêmes après leur mort... Et ceci nous amène vers le scénario ainsi que les thèmes soulevés par le long-métrage.


Le seul défaut que l'on pourrait donner à Coco reste son scénario quelque fois prévisible et un peu trop manichéen. Cependant, il arrive à nous prendre à revers à quelques endroits et cache plus d'une surprise dans son script. Mais le plus important de ce film, ce qui en fait son essence, ce n'est pas de savoir si tel ou tel événement est attendu ou pas, ce sont ses thèmes!  Il pose des questions sur l'importance de la famille ainsi que sur la nécessité de suivre sa vocation quelque soit les réticences des autres. Néanmoins, il y en a un qui m'a réellement touché et qui, je pense, porte le film à bout de bras: l'oubli des personnes après la mort.


Comme je vous l'ai dis plus tôt, cette thématique sert de fil conducteur pendant tout le récit et atteint son apogée lors du climax final et la magnifique chanson "Recuérdame". Alors oui, cette séquence peut paraitre facile pour certains qui crieront au tire larme habituel de Pixar. Mais je vous assure que lorsqu'on a un couple de 80 ans à coté de soi, qui pleure en se demandant s'ils seront aussi oubliés de leur proche un jour, on en reste pas insensible et on pleure aussi. J'en ai la chair de poule en l'écrivant c'est pour vous dire...


Pour finir nous pouvons dire que sans être un chef-d'oeuvre absolu, Coco est un très bon film qui arrive à intéresser le spectateur à la culture mexicaine. Il soulève des thèmes très TRÈS importants comme les passions que l'on doit accomplir, la famille et l'oubli des personnes défuntes. Un conseil: regardez le en version Espagnole, l'immersion n'en sera que plus grande. Puis, avoir un film Américain centré à 100% sur le Mexique et ses coutumes sous Trump: ça fait extrêmement plaisir!

Matcinéphile
8
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le 9 janv. 2018

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