Cocorico
4.1
Cocorico

Film de Julien Hervé (2024)

Seigneur, doux jésus. Les gens sont tellement cons. On n'a plus besoin de gouvernement pour la censure, les gens s'autocensurent, et après ils s'étonnent que la droite triomphe... Ici, pas de censure, mais de virulentes critiques adressées au film comme quoi il serait.. raciste ??? Heuuu. Quand un auteur dépeint des personnages racistes pour les tourner en dérision, ça ne veut pas dire que l'auteur est raciste.


Que voit-on dans le film ? deux familles au statut social différent, l'une étant aisée et très bourgeoise, l'autre plus 'populaire' ; pas de différence dans le traitement, les deux ne supportent pas d'être autre chose que purement français, que ce soit les origines indiennes de l'un ou allemandes de l'autre. Et tout le film ne fait que montrer, de façon humoristique, que ces personnages vivent mal cette révélation, alors qu'en fait ça ne change rien. Et c'est que le film s'enlise le plus en fait, quand l'auteur veut faire passer sa morale à deux balles, permettre aux personnages d'évoluer et de redevenir gentils au moins en partie, en embrassant le film, plutôt que d'assumer la bêtise des personnages. Mais bon, s'il avait fait ça, nulle doute que la stupidité des spectateurs outrés par le présent produit aurait été poussée encore plus loin.


On peut ne pas aimer cet humour. J'ai trouvé qu'une partie des gags tombaient à l'eau. N'empêche qu'il y a des trucs un peu piquant qui m'ont rappelé les Inconnus à leurs début (d'ailleurs Bourdon a les meilleures répliques, tandis que Clavier fait rire en bouffonnant comme d'habitude) ; je vois qu'en fait le réalisateur a fait ses armes en travaillant avec les guignols de l'info, ce ci explique peut-être cela. Mais le grand coup de maître du film, parce qu'il y en a un, c'est de tenir les 3/4 de l'action sur une rencontre, un dîner qui n'a même pas le temps de commencer : unité de temps et de lieu. C'est assez rare dans le cinéma français qui se veut comique (d'ailleurs le dernier quart est moins efficace, à part peut-être la scène de la cave en hommage à l'Allemagne). Et ça fait du bien de voir quelque chose d'un peu différent. Clavier est ce qu'il est, n'empêche qu'il participe encore parfois à des projets plus insolites, que ce soit avec Blier ou Leconte (une heure de tranquillité). Les personnages les plus décevants sont les enfants qui sont là pour poser un cadre, des limites, rappeler les besoins du vivre ensemble : ils sont lisses et purement fonctionnel. Les personnages féminins sont clairement moins investis que les mecs ; on dirait que les auteurs se sont forcés à les écrire de façon complète pour être sûr que ce ne soit pas considéré comme sexiste, mais clairement, tous les enjeux et les meilleurs gags sont réservés aux deux acteurs du film.


La mise en scène est correcte, assez anonyme. Pas de plan marquant, un découpage sobre, un montage globalement bien rythmé. L'on appréciera la BO pas trop invasive (c'est bon ce silence pendant des répliques, plutôt que d'appuyer chaque punchline d'un coup de violon). À part Clavier qui est toujours à fond, les acteurs n'en font pas trop, sont même un peu trop passifs parfois mais font du bon boulot.


Bref, c'est sans doute pas la meilleure comédie de l'année, mais ça se regarde ; c'est un peu ambitieux dans sa narration, y a de la bonne humeur ; tout n'est pas réussi, tout n'est pas drôle mais ça passe quoi !

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 20 mai 2024

Critique lue 35 fois

2 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 35 fois

2

D'autres avis sur Cocorico

Cocorico
Freddy-Klein
8

Critique de Cocorico par Freddy Klein

Là nous ne sommes pas dans un Dîner qui les rassemblerait, mais au théâtre ce soir. Quasi unité de lieu, quasi unité de temps. Au théâtre de boulevard avec des dialogues simples fait de quelques...

le 7 févr. 2024

10 j'aime

3

Cocorico
Fêtons_le_cinéma
2

La branche pourrie reste une branche

Nous avons besoin de films comme Cocorico parce que ce sont eux qui font vivre le cinéma, assurent une fréquentation nécessaire au maintien des salles et au financement des œuvres véritables en...

le 23 févr. 2024

4 j'aime

Cocorico
Trilaw
6

« Il y a une chose contre laquelle la généalogie ne peut rien, c’est l’adultère »

Deux futurs mariés font se rencontrer leur famille respective. Ils leur offrent des tests ADN qui détermineront les origines de leurs ancêtres.En faisant mine de s’en moquer, le métrage exsude d’un...

le 7 mai 2024

3 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

116 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

104 j'aime

55