Pour son avant-dernier film, le grand Franklin J. Schaffner signe hélas la bien piètre adaptation d’une histoire méconnue des Croisades où un jeune Français tenta de mener un groupe d’enfants en Terre Sainte. Une idée intéressante surfant sur la mode encore vigoureuse des films moyenâgeux sortis dans les années 80 où le réalisateur n’hésita pas à employer les grands moyens, s’offrant une gigantesque reconstitution et même deux échappés du Excalibur de John Boorman, à savoir Gabriel Byrne (encore une fois en vil monsieur) et Nicholas Clay (encore une fois en preux chevalier, le temps d’une courte intro). Mais tous ces efforts ne suffisent pas à rendre ce Cœur de Lion réussi.


Le scénario, écrit par l’auteur de La Couleur Pourpre, a beau se la jouer réaliste et romancé, il manque un souffle épique à cette péripétie finalement assez mollassonne où un jeune chevalier lâche comme pas deux (Eric Stoltz et son charisme de porte-manteau) va finalement retrouver ses burnes en enrôlant maladroitement des gamins afin de lutter contre un tyrannique ex-Croisé avant de rejoindre leur modèle : Richard Cœur de Lion. Sans réels enjeux visibles, constamment le cul entre deux chaises, le film tente de proposer à la fois un solide film d’armure et d’épée et une aventure pour gosses, jeune casting à l’appui. Hélas, incapable de proposer un réel blockbuster mémorable ni un film familial entraînant, Schaffner échoue de bout en bout.


Tout semble apathique, du jeu des acteurs récitant leur texte sans conviction (hormis Gabriel Byrne qui s’en donne à cœur joie) aux rares affrontements à l’épée en passant par la musique très en retrait de Jerry Goldsmith, le manque évident de bruitages appropriés pour muscler un montage déjà peu dynamique et pour finir le rythme global du film, particulièrement lancinant... À l’exception des costumes et de quelques plans bien inspirés, rien n’est mis en valeur, aucune touche d’humour ou de passage fabuleux et c’est fort regrettable, Schaffner n’étant tout de même pas un manche en matière de grosses productions mais dont le poste de réalisateur n’est ici pas le choix idéal. Sorti en salles de façon limitée en 1987, sans réelle promo et défoncé par la critique U.S., le film ne sortira chez nous que directement en vidéo trois ans plus tard, de manière toute aussi discrète et, c’est triste de le dire, toute aussi justifiée.

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le 13 juin 2020

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