Après Blood Feast et 2000 Maniacs, deux petits films d'horreur qui auront durablement marqués les esprits en étant reconnus comme les premiers films gore de l’histoire du cinéma, Hershell Gordon Lewis poursuivra son exploration sanglante avec le beaucoup moins connu Color Me Blood Red en 1965. Un film à l'étrange tonalité entre horreur, drame et comédie qui s'éloigne des débordements les plus sanglants des œuvres précédentes pour nous offrir un récit presque classique et très inspiré du film Un Baquet de Sang de Roger Corman.


Color Me Blood Red nous raconte l'histoire d'un artiste peintre fantasque et torturé qui peine à trouver l'inspiration et essuie les remarques acerbes d'un critique d'art qui trouve ses couleurs bien trop ternes. Lorsque sa compagne se blesse malencontreusement avec un clou, notre peintre découvre que le rouge vif du sang offre à ses toiles de magnifiques couleurs propres à ravir critiques, mécènes et acheteurs. L'artiste se met alors en quête de toujours plus de sang ….


Même si l'absence de budget et la direction d'acteur hésitante de Hershell Gordon Lewis se fait toujours autant sentir, Color Me Blood Red commence de manière assez plaisante. Le film égratigne un peu le monde de l'art et sa prétention, propose des personnages qui tiennent la route, une intrigue assez bien amenée et même quelques dialogues rigolo comme : " La première chose que je demanderai quand on sera mariés c'est le divorce ". Ce peintre un peu étrange est interprété par un acteur relativement convaincant en la personne de Gordon Oas-Heim et même si l'on croit moyennement à ses qualités d'artistes vu les croûtes qu'il peint comme un pied c'est assez amusant de le voir rechercher le rouge ultime quitte à entailler sa compagne ou carrément se vider de son propre sang pour essayer de terminer une toile. Color Me Blood Red est plus sanglant que véritablement gore et le film est un peu en rupture avec les deux précédents long métrage du réalisateur même si il comporte encore une ou deux scènes chocs. On pourrait presque voir dans le sujet du film une certaine allégorie du travail du réalisateur contraint à toujours plus de sang pour satisfaire son public, mais ça reste une simple spéculation personnelle. L'idée globale du film est en tout cas assez amusante d'autant plus qu'elle m'aura rappeler ma folle jeunesse durant laquelle j'avais fait un court métrage sur un artiste en panne d'inspiration devant rendre un travail pour une galerie et qui finissait par se suicider devant une toile blanche créant ainsi une œuvre abstraite intitulé Automortrait devant laquelle s’extasiait (enfin) toutes les critiques …


Mais revenons à Color Me Blood Red qui malheureusement une fois la découverte du rouge parfait et l'utilisation d'un sang de proximité comme couleur va tomber dans une petite routine assez ennuyeuse de pseudo-slasher dans lequel notre artiste se met à chasser des jeunes qui traînent sur la plage. Même si je retiendrais l'amusante séquence durant laquelle le peintre troque son pinceau pour une sorte de lance et qu'il s'attaque en bateau à moteur à des plaisanciers en pédalos façon chevalerie du moyen age, dans l'ensemble on sent qu'un fois son concept initial exposé le film n'a finalement plus grand chose à raconter et qu'il commence à tourner en rond. La description des différentes jeunes victimes est assez insipides, on se lasse du jeu monocorde des comédiens, la mise en scène de Hershell Gordon Lewis devient assez plate et le film commence à franchement ronronner sans trop savoir ou il va jusqu'à un final aussi expédié que moyennement convaincant.


Après visionnage on comprend mieux pourquoi Color Me Blood Red reste un film assez méconnu de la carrière du parrain du gore. Moins outranciers et novateur que Blood feast, moins drôle que 2000 Maniacs ou The Gore Gore Girls, Color Me Blood Red est peut être simplement trop sage et trop classique, à moins qu'il soit juste partiellement raté.

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le 14 sept. 2023

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Freddy K

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