Colorado
7.4
Colorado

Film de Sergio Sollima (1966)

On découvre le western spaghetti à travers l’œuvre de Sergio Leone, il devient ensuite difficile d’en sortir, tant on craint d’être déçu par d’autres réalisateurs. Alors, transi par l’angoisse, on cherche sur Sens Critique d’autres westerns spaghetti bien notés et de préférence ayant en tête d’affiche des acteurs qui, à eux seuls, nous permettent d’espérer passer un moment agréable.

Colorado est chasseur d’hommes, il se lance à la poursuite de celui soupçonné d’avoir violé et assassiné une fillette de treize ans dans d’atroces circonstances. Le scénario est simple et basique mais de ce point de vue, ce genre de film n’a jamais brillé par sa créativité, peu importe. Dans Colorado comme dans tant d’autres, le spectateur cherche une atmosphère collante, des regards d’acier, du charisme flamboyant, du panache enivrant ou de grandes envolées qui le transportent, l’exaltent et le transportent au-dessus d’un désert irréel et assommé par le soleil.

Tout les ingrédients sont rassemblés, le désert mexicain, la poussière, la sueur, la crasse, une ambiance moite et poisseuse. On offre à nos oreilles aguerries une bande originale signée par Ennio Morricone, sans doute pas la plus réputée ni la meilleure du compositeur, mais elle reste reconnaissable entre toutes et apporte le supplément d’âme dont raffole et se délecte tout fan de ce genre de westerns.

Ce qui marque le plus reste la prestation de Lee Van Cleef, absolument impeccable en chasseur d’hommes doublé d’un tireur d’élite. Cet acteur mériterait aujourd’hui d’être ramené à la hauteur de Clint Eastwood, son éternel rival dans l’incarnation du western spaghetti. Chacun à sa manière a su apporter une touche personnelle qui a donné naissance à ce genre mythique. Van Cleef a une classe, une distinction qui n’appartiennent qu’à lui, il a su crée de film en film ce personnage, entre tous identifiable d’un coup d’œil, que l’on retrouve dans Colorado, grand chapeau noir, moustache taillée, gilet et ample manteau.

Mais il y a surtout cette gueule qui marque, ce front large, ces yeux en amande tout en longueur, couronnés d’un regard qui vous transperce et vous fige de terreur, ce visage long et anguleux et surtout, ce sourire vorace et carnassier qui, quoi qu’il fasse, garde ce côté malveillant qui l’a toujours fait interpréter des personnages terriblement ambiguës. Dans Colorado, il n’endosse pas le rôle d’un parfait salopard, juste celui d’un chasseur d’hommes qui accepte de rendre service et se retrouve peu à peu confronté au doute et à la difficulté de continuer à servir ses propres intérêts face à une conscience qui fini par le rattraper.

Colorado ne parvient certes pas à se hisser à la hauteur d’un Sergio Leone, il lui reste néanmoins suffisamment de qualités pour donner l’envie de découvrir d’autres réalisateurs et s’ouvrir à de nouveaux horizons qui promettent aux aficionados de westerns spaghetti des heures et des heures de nouveaux plaisirs, ceux de westerns virils et crasseux, lents et tendus, ces westerns qui ont porté leurs histoires au rang de légendes et leurs personnages au rang de Dieux forgeant leur propre mythologie.
Jambalaya
7
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le 20 mars 2013

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Jambalaya

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