« Columbus » est le premier long-métrage écrit, réalisé et monté par Kogonada. On y suit Jin Lee (John Cho -Harold et Kumar), arrivé à Columbus pour veiller sur son père tombé dans le coma. Sur place, il rencontre Casey (Haley Lu Richardson -The Edge of Seventeen), une jeune femme qui travaille dans une bibliothèque proche de l’hôpital. Leur rencontre devient le point de départ d’un récit intime, tout en délicatesse.Dès ce premier film, Kogonada impressionne par la maîtrise de son cadre et de son montage. Quand on connaît ses “vidéo-essais”, on devine qu’il avait déjà la théorie : ici, il la transpose avec brio dans la pratique. Chaque plan est pensé comme une composition architecturale, jouant avec les lignes, les espaces et les silences, donnant au spectateur une expérience visuelle d’une grande justesse.Les acteurs apportent une vraie humanité à ce dispositif formel. John Cho et Haley Lu Richardson livrent des interprétations sobres et touchantes, portées par des dialogues simples mais profonds. Le film, sans être jamais prétentieux, parvient à introduire subtilement l’architecture comme thème central, mais aussi comme métaphore : ces constructions qui nous entourent deviennent des reflets des personnages, de leurs rêves, de leurs blessures et de leurs questionnements.Au-delà de l’architecture, le film aborde avec finesse des thématiques universelles : la recherche de soi, le deuil, la transmission culturelle, l’adversité, le poids du regard des autres. Tout cela est traité avec une douceur rare, sans lourdeur ni sur-explication, laissant au spectateur l’espace de ressentir et de réfléchir.Avec Columbus, Kogonada signe une œuvre élégante et sensible, qui touche autant par sa beauté visuelle que par sa sincérité émotionnelle.Dans le même esprit, je conseillerais aussi « Liberal Arts », plus classique dans sa mise en scène, mais tout aussi touchant dans sa façon d’interroger le rapport à l’art et au sens de la vie.