Il y a une poésie certaine dans le Texas délabré.

"Comancheria" était fait pour me plaire. J'ai toujours eu un petit faible pour les films se passant dans des endroits abandonnés, coupés du monde. Je ne parle pas des lieux naturels magnifiques qui invitent au voyage et à la découverte à l'abri des turpitudes du monde urbain (du genre d'Into the Wild). Je parle au contraire de ces étendues immenses de champs à perte de vue, noyés dans une poussière sèche, des villes sales, mortes, abandonnées par le monde actif et hyperconnecté. Un monde fondamentalement dépressif mais qui dégage une poésie et une simplicité bonne à voir, avec lequel David Mackenzie a réussi à me séduire.
L'intrigue se déroule donc dans un Texas rural et vide, où deux frères (Chris Pines et Ben Foster) braquent une série de banques. Jeff Bridges, un Texas Ranger plus typique on meurt mais diablement intelligent, se met à leur recherche en essayant, avec son collègue (Gil Birmingham). Une sorte de polar/western moderne, dont les forces sont la réalisation et les personnages, se mariant parfaitement dans un film à l'ambiance quasi palpable.


Les acteurs nous livrent tous un jeu tout en subtilité, avec cependant des personnages très marqués et reconnaissables. Mention spéciale à Ben Foster, qui bien que jouant une sorte de brutasse tout juste sortie de prison est empli de subtilité, de conflits intérieurs, tous dans les regards, les larmes et les silences. Magnifique découverte. Quant à Pines, son rôle change pas mal du beau gosse Kirk dans les derniers Star Strek, un jeu assez discret mais parfait pour l'histoire.
Mais c'est Bridges qui selon moi porte ce film, une interprétation magistrale d'un vieux ranger au bord de la retraite, fragilisé par ses envies contradictoires et ses sentiments confus. Un scène en particulier où il arrive à jongler avec les larmes, la rage et le rire m'a scotché dans mon siège.


La réalisation est extrêmement léchée, prend son temps pour installer l'environnement désertique dans lequel les personnages évoluent. C'est un monde fade, étouffant, triste, mais rendu sublime dans des plans immenses de plaines arides, de couchers de Soleil et de routes interminables.


C'est un film qui pour une fois ne vous crie pas à la gueule, vous laisse rentrer doucement dans l'intrigue. La musique accompagne tout cela des mélodies blues de Nick Cave, lentes et douces, qui viennent lécher toute cette ambiance.


Bref, je l'ai aimé par ce que c'est un film d'atmosphère, calme, beau et qui porte une certaine noblesse dans un univers qui normalement ne s'y prêterait pas normalement. Une bonne et poétique claque!

Créée

le 21 sept. 2016

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