Dissection sans concession d'un yakuza en quête d'émancipation

Avec combat sans code d'honneur, Fukasaku donne naissance à un sous genre du Yakuza Eiga qu’il défriche à la tronçonneuse en proposant une image des yakuzas bien moins idalisée qu'il était jusqu'alors de coutume dans les films du genre. Au revoir les codes moraux qui sont censés régir la vie de ses acharné de l'arme blanche, bonjour la loi de la jungle où le plus fort et malin reste en vie. En se donnant les moyens de ses ambitions, caméra embarquée dans l'action, voix off qui suit les personnages, narration réaliste de l'enchaînement des évènements, Fukasaku donne à son film des allures de documentaire pour lui conférer une authenticité qui donne beaucoup de force au récit.

La sauce prend immédiatement pour captiver nos mirettes jusqu'à une séquence finale bien badass qui vient conclure les hostilités avec un panache et une classe à la hauteur du reste du film. On est en présence d'une bobine plaquée or, maîtrisée comme rarement par un cinéaste qui connait son affaire. En pleine confiance, il choisit de redonner le rôle titre à celui qui a cartonné dans son déjà très bon Okita le pourfendeur, ce chien fou diablement expressif qu'est Bunta Sugawara. Encore une fois, il monopolise l'écran de sa présence magnétique, à tel point que même quand il est absent, on ne peut s'empêcher de penser à son personnage. Les seconds rôles sont pourtant également précis, mais son charisme est tel qu'il les noie dans son sillage les uns après les autres. Au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs, Fukasaku n'y va pas par 4 chemins et sort l'artillerie lourde pour donner à son film ce côté noir et définitif qu'il voulait. Le résultat est d'une violence inouïe mais jamais gratuite, toujours insérée dans le récit pour lui conférer une densité qui impressionne.

Pour ne rien gâcher, on sent dans ce combat sans code d'honneur toute la fougue de son façonneur. La caméra est montée sur ressort, au plus près de l'action et nous façonne des cadres aux petits oignons mais surtout empreints de dynamisme. Les ambiances bien crasseuses d'après guerre typique du réalisateur sublimées par une photographie qui trouve le ton juste, couplées à une bande son envoûtante qui résonne longtemps dans nos petits cranes après la projection, finissent de faire du film un maître étalon du genre particulièrement virtuose.

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Premier film du cycle Yakuza Papers,
Quelques images ici ↓
oso
9
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le 29 nov. 2014

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oso

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