Jacques, professeur d'histoire "remercié" pour avoir tenté de séparer des élèves lors d'une rixe (la vidéo prise sur le fait semble montrer qu'il aurait participé au crêpage de chignons) traîne sa carcasse désabusée.

Un soir dans son épicerie de quartier, il est témoin d'un vol. Là encore il prend part à l'action pour séparer les agresseurs et l'agressé et participe ainsi à l'arrestation d'un des trois, les deux autres réussissent à s'échapper. Plus tard il découvre qu'il s'agit de Victor, 14 ans. D'origine rom, en France depuis peu, le gamin est déscolarisé, exploité par un oncle peu scrupuleux qui l'oblige à rapporter de l'argent chaque soir. La rencontre entre les deux solitudes blessées de Jacques (il y a eu drame dans sa vie) et Victor va redonner un sens à leur vie.

Quelques mots sur ce film, sans doute le moins imprévisible de toute l'histoire du cinéma. Rien ne semble vraisemblable et tous les clichés sur les roms sont ici rassemblés. La façon dont Jacques et Victor, qui n'avaient strictement aucune raison de se revoir, se retrouvent ne tient pas debout. Il arrive peut-être qu'un cambrioleur s'endorme chez la personne qu'il cambriole mais cela semble tellement énorme, que j'ai eu du mal à y croire. Que le cambriolé développe instantanément une sorte de syndrome de Stockholm en s'attachant sans délai à son cambrioleur, j'ai encore une fois peiné à rester attentive. Que ledit malfrat, très attachant c'est indéniable, affiche aussitôt une soif d'apprendre au point de revenir chaque jour chez le prof pour apprendre à lire et à écrire, on rêve que ce soit aussi simple. Que le prof (sans travail) remette à son padawan chaque jour la somme dont il a besoin pour ne pas se faire tabasser à mort par son oncle, au point de vendre sa collection de livres précieux, des incunables que les bibliophiles s'arrachent, on se pince pour y croire. Que le prof se rende dans le camp de roms où réside Victor et rencontre sans ciller des gars à la mine patibulaire (mais presque) pour leur dire que bon, ben ça ne se fait pas de taper un gosse, on écarquille les yeux. Que la responsable d'une association d'aide aux mineurs étrangers soit assez charmante pour que... Bref, n'en jetez plus la cour est pleine.

Vous l'avez compris, le scenario est aussi prévisible que peu réaliste. La réalisation n'est pas éclatante et permet une sorte de film social naturaliste à la Dardenne. Et pourtant, malgré ce manque d'éclat, cet absence de lyrisme où même l'émotion est contenue, on reste accroché au cheminement de ces deux êtres perdus. Ils se cramponnent sincèrement l'un à l'autre et au-delà de ce qui pourrait paraître naïf et chimérique, laissent entrevoir ce qui fait parfois défaut à ce genre de films, de trajectoires, et en règle général à cette époque dingue : l'espoir.

Et puis, il est évident que la présence de Vincent Lindon qui développe une fois de plus ici tout le charme, la puissance, le charisme, l'humanité et la force tranquille dont il est capable écrase le film de sa forte interprétation. Il en impose cet acteur merveilleux et Nicolas Boukhrief a le mérite, la bonne idée de le faire sourire deux fois ! Qu'il en soit remercié. L'espoir je vous dis !

LaRouteDuCinema
7
Écrit par

Créée

le 12 mars 2024

Critique lue 40 fois

1 j'aime

LaRouteDuCinema

Écrit par

Critique lue 40 fois

1

D'autres avis sur Comme un fils

Comme un fils
JorikVesperhaven
6

Angélisme social.

Après avoir mis en scène beaucoup de films policiers, de thrillers et de polars, dont certains très réussis comme l’excellent « Gardiens de l’ordre » avec Cécile de France, le plus récent et très...

le 18 juil. 2024

5 j'aime

Comme un fils
Florence_Obscur
3

Le bon samaritain

Ce film n'est pas crédible.Comme par hasard, le jeune délinquant connait l’adresse du client du magasin qu’ il a tenté de voler et retourne sa maison.Et comme par hasard, ce monsieur a la main sur le...

le 12 mars 2024

5 j'aime

Comme un fils
Cinephile-doux
6

Trajectoires brisées

Entre un professeur démissionnaire et un garçon Rom exploité, la rencontre de ces deux trajectoires brisées est sans doute idéalisée pour que l'un aide l'autre et réciproquement. Nicolas Boukhrief,...

le 7 mars 2024

4 j'aime

3

Du même critique

Moi capitaine
LaRouteDuCinema
8

Io capitano

Seydou et Moussa deux amis de toujours ont 16 ans et vivent au Sénégal. Ils partagent le même rêve : rejoindre l'Europe et qui sait, devenir artistes puisqu'ils écrivent des textes et sont...

le 7 janv. 2024

32 j'aime

Le Deuxième Acte
LaRouteDuCinema
8

Veux-tu m'épouser ?

Faire l'ouverture de l'un des plus prestigieux festival du monde ce n'est pas rien. Nul doute que la nouvelle folie de Quentin Dupieux en a dérouté et en déroutera plus d'un. Les commentaires à la...

le 15 mai 2024

27 j'aime

L'Attachement
LaRouteDuCinema
5

Pour Valeria

Alexandre emmène sa femme accoucher de son deuxième enfant. La baby-sitter étant injoignable c'est Sandra, la voisine, sans compagnon, sans enfant (et sans le moindre désir d'en avoir) qui prend en...

le 20 févr. 2025

23 j'aime