A propos d'un certain type de films, j'aime parler de "grands petits films" derrière cet apparent oxymore vont s'inscrire ces film aux ambitions spectaculaires restreintes par une production économiquement petite aux regard des standards habituels dans l'industrie, mais qui vont compenser cela par un soin apporté au scénario, par des idées de mise en scène dont la poésie éclipsera l'absence de grands plans nécessitant des outils onéreux, une volonté de cinéma qui transpire à chaque photographie du film malgré, encore une fois, une absence manifeste de moyens tant financiers que techniques.

Ce film mexicain s'inscrit parfaitement dans cette famille et mérite le petit coup de projecteur que je me propose modestement de poser dessus. Néanmoins je n'ai pas envie de trop en dire et d'ainsi vous laisser apprivoiser par ce film singulier et qui sait peut-être serez vous séduits comme je le suis ? Je vais juste me contenter de vous exposer les quelques lignes de force du récit, dont l'apparente disparité va confluer vers un conte protéiforme abstrait, onirique, facétieux, figuratif, horrifique, éprouvant, cruel et merveilleux. Et si vous vous dites que cette suite d'adjectifs n'a aucun sens, c'est à dessein. Les oppositions qui émergent de ces propositions existent dans l'ADN du film, qui sans cesse fait dialoguer les contraires.


Un père qui dépendant à la drogue que lui fournit le cartel de la zone est contraint de rendre à ces maîtres du lieu des petits services qui finissent par l'enchainer à ses débiteurs. Sa fille, qui doit se déguiser en garçon, parce que les femmes ont disparus et qu'on imagine hélas quel serait son sort si les narco venaient à découvrir sa véritable identité. Un chef de cartel dont l'identité de genre s'avère imprécise et qui dissimule cela derrière son masque et sa violence. Un petit groupe d'orphelins passés maîtres dans l'art du camouflage qui échafaudent d'audacieux plans de débrouillards pour nuire au cartel et retrouver le bras de l'un d'eux que le dit cartel lui a coupé en guise de punition. Tous ces personnages semblant appartenir à des univers et des codes de cinéma aussi disparates que le film d'errance violente à la "Mad Max", l'enfance "Peter Pan" livrée à elle-même et qui par habitus reproduit les schémas guerriers des adultes à l'œuvre dans "Sa majesté des mouches", et l'étrange inquiétude d'une vision du futur aussi pessimiste qu'il parait plausible et à portée de tir de revolver.


Le film ne brille pas par sa technique, mais il crée une atmosphère particulière, convoque chez le spectateur qui saura se laisser porter un sentiment d'intensité émotionnelle flagrant derrière cette ode à l'enfance qui dans son âpreté de la peinture qu'il fait du monde des adultes délivre un optimisme que l'enfance, justement, est encore apte à rendre concret.


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le 22 août 2025

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