Zemeckis my ass !
C'est avec beaucoup d'envie que je me suis tourné vers ce film, la fiche technique laissait rêveur, Robert "Back to the Future" Zemeckis à la réalisation; Jodie Foster, James Woods, John Hurt ou...
le 11 oct. 2014
32 j'aime
11
Support: Bluray
Contact est de ces œuvres dont la première vision ne m’avait pas entièrement satisfait, car je n’étais à l’époque pas arrivé à une étape clé (en espérant ne pas être arrivé au bout) de mes cheminements introspectifs et cherchait encore ce que je devais trouver. Les questionnements philosophiques que Carl Sagan soulevait dans le roman originel m'étaient alors passés au-dessus de la tête, les reléguant à du bon sentiment guimauve américain, et il ne me restait qu’un film admirablement construit dans sa forme.
Car oui, indéniablement, Contact est visuellement ambitieux. Zemeckis a toujours été à la recherche de l’idée de mise en scène, et ici, dès l’introduction en dézoom intersidéral où l’on remonte le temps via la bande sonore alors que l’on s’éloigne de notre planète bleue, on se sent entre de bonnes mains. Et après quelques plans séquences où l’on nous fait surgir d’un miroir dans un inextricable nœud de cerveau sur le parcours de la caméra, et un voyage en trou de ver mettant en exergue les talents de Weta et ILM, on ne peut que saluer la singularité visuelle de l’ensemble. D’autant plus que celle-ci, par sa constante remise en question de nos sens des perceptions, vient faire le pont parfait avec le texte.
Celui qui nous dit que peu importe le dieu, la religion, la conviction : il faut un objectif, un sens pour aller de l’avant. Les inconnues sont trop nombreuses pour être pétri de certitude, et dussions-nous croire à un grand barbu dans le ciel, une théorie scientifique élaborée il y a un demi-siècle, ou simplement en l’amour d’autrui, il est nécessaire de croire. Sans croyance, nous ne sommes que béance, enfants perdus dans une forêt noire et abandonnant tout espoir de trouver la lumière, un foyer protecteur. Les horreurs de ce monde sont trop nombreuses pour que se résoudre au cynisme n’apparaisse pas comme une facilité évidente, d’autant plus que le paradoxe est que beaucoup de ces horreurs sont commises au nom de croyances. Il faut donc croire, mais en se vouant au bon saint, et c’est bien ce choix qui représente la tâche la plus ardue de l’humanité comme espèce, l’individuel pouvant facilement s’épanouir dans l’égoïsme sur des visions court-termistes.
Il faut remettre l’émotion au cœur de la raison, la spiritualité au centre du cartésien, l’humain au devant de la société. Une belle façon de véhiculer aux sceptiques et athées (dont je fais partie) ce que la foi représente pour les convaincus, sans prêchi-prêcha mais par le partage d’une expérience qui touche à l’intime et à la quintessence même d’un être.
Et s’il faut pour cela se mentir à soi même, refuser d’admettre le faux dans nos convictions, pour pouvoir tenir la route, et bien soit. Lorsque Palmer décrit son expérience de Dieu à Ellie, celle-ci le retoque par un "some part of you needed to have it”.
Mais quand vient sa propre transcendance, la scientifique y projette ce deuil qu’elle n’a jamais su faire, donnant une raison d’être à son expérience astrale contre tout pragmatisme.
Elle aussi a pu voir la Lumière car elle en avait besoin.
A titre personnel, je me reconnais dans ce biais. Mon curseur principal en termes d’éthique et de morale se place sur l’écologie, car c’est un tout englobant. Sans biodiversité, sans une planète saine et vivable, tous les déchirements politiques et sociaux, toutes les batailles idéologiques, sont caduques car il n’y a plus de théâtre pour qu’elles aient lieu. Et de cette idée fondatrice de mon être, cette foi en la possibilité d’arrêter la destruction de notre environnement, les observations sur la marche du monde sont désespérantes, l’écologie étant souvent reléguée par le capitalisme effrénée à une obsession d’illuminés qui se baladent pieds nus en sarouel et vivent dans des ZAD en fumant des gros zdous. Contre toute véracité scientifique, contre l’avis de tous les experts, contre ce qui semble pourtant relever du bon sens, nos dirigeants continuent de souiller notre environnement au nom du profit à court terme sans se soucier du lendemain.
Et alors qu’en France la loi Duplomb va en ce sens, à l’encontre de la vie, les soubresauts existent pour faire perdurer ma foi : là une pétition d’ampleur (dont les effets réels sont loin d’être certains), ici une décision de l’ONU de faire payer les états responsables d’écocide (là aussi, les conséquences resteront à démontrer). Et à un niveau individuel, si telles sont mes convictions, je me dois de vivre en accord avec celles-ci, quand bien même ma foi ne s’étend pas à la responsabilisation immédiate des populations et de leurs dirigeants. Sans cette cohérence de mon for intérieur avec mes agissements, et donc sans cette profession de foi au quotidien, il me faudrait jeter l’éponge.
Cette digression personnelle pour dire donc, que comme le disent Carl Sagan et Robert Zemeckis, il est nécessaire de croire en quelque chose sous peine d’apathie généralisée et de funestes conséquences.
Et ce ne sera pas la première fois, mais je ne peux pas conclure sans vous renvoyer vers le discours de Sagan sur notre place dans cet univers, magnifiquement mis en image et en musique par le curieux ALT 236.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Robert Zemeckis, Les meilleurs films de 1997, Les meilleurs films avec Matthew McConaughey, Les meilleurs films avec Jodie Foster et Les meilleurs films avec John Hurt
Créée
le 24 juil. 2025
Critique lue 12 fois
1 j'aime
C'est avec beaucoup d'envie que je me suis tourné vers ce film, la fiche technique laissait rêveur, Robert "Back to the Future" Zemeckis à la réalisation; Jodie Foster, James Woods, John Hurt ou...
le 11 oct. 2014
32 j'aime
11
Contact raconte un vieux rêve : la prise de contact avec les extra terrestres. Ce film doit être placé dans chaque DVDthéque au rayon science fiction, c'est un grand classique qui sort très largement...
Par
le 28 déc. 2010
31 j'aime
15
A travers trois films très différents, j'ai passé un dimanche qui a pourtant suivi un fil rouge assez intéressant et plutôt saisissant. Le choix de ces films fut purement arbitraire, la coïncidence...
le 25 nov. 2013
29 j'aime
9
Je dois admettre qu’au vu de l’affiche et du titre, il y avait peu de chances pour que je sois le public. Mais à y regarder de plus près, à y voir Sony Pictures Animation et des premiers retours...
Par
le 26 juin 2025
38 j'aime
8
Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...
Par
le 10 oct. 2023
22 j'aime
2
Il était couru d’avance que Brave New World serait une daube. De par la superhero fatigue qu’a instauré la firme de Mickey par l’amoncellement de produits formaté sur les dix-sept dernières années...
Par
le 10 mars 2025
20 j'aime
7