Bien qu’il n’ait, à mon sens, réalisé aucun excellent film, Joe Carnahan a une filmographie des plus intéressante et ponctuée de films éminemment sympathiques, pour peu bien entendu qu’on adhère à son style. Mi$e à Prix, Stretch, Boss Level, ou encore L’Agence tous Risques ont immédiatement eu ma sympathie par leur côté fun et série B assumé. Oui oui, même L’Agence Tous Risques. Bien qu’il me manque encore à voir Le Territoire des Loups et surtout Narc, considéré par certains comme son meilleur film, je continue d’explorer ses bobines avec son dernier en date, Copshop, également parfois appelé Descente au Poste, un film certes maladroit sur bien des points mais pourtant ô combien sympathique et dans la lignée de ce que Carnahan a l’habitude de faire. Copshop est un divertissement fun, décomplexé, à la bande son des plus agréables, très funky moumoute années 70.
Avec Copshop, Joe Carnahan semble vouloir rendre hommage aux films d’action des années 70/80 qu’il apprécie tant. La jaquette et le générique d’introduction en sont un exemple, mais pas que puisque dès les premières notes on reconnait le thème de Magnum Force (1973), deuxième épisode de la saga L’Inspecteur Harry. Rapidement, on comprend que l’action va quasi entièrement se situer dans un commissariat isolé qui va être la cible d’attaques par des forces extérieures à la façon du Assaut (1976) de John Carpenter. Certains pourraient parler de plagiat, mais Copshop trouve très vite sa propre voie. Une des forces du film de Carnahan, c’est son casting, très bon, et chaque acteur(trice) va livrer une bonne performance. Frank Grillo (Boss Level, Le Territoire des Loups) n’a clairement pas eu la carrière qu’il méritait, lui qui est cantonné essentiellement aux séries B et autres DTV alors qu’il nous prouve une fois ici qu’il est parfait dans ses rôles et qu’il aurait pu être le nouveau Bruce Willis et autres Nicolas Cage (période 80/90) sans aucun souci. Gerard Butler (300, La Chute de la Maison Blanche) est lui aussi très bon et semble prendre un malin plaisir à jouer ce rôle de tueur à gages un brin timbré. Alexis Louder (Watchmen, Tomorrow War) est une vraie révélation dans le rôle de la rookie du commissariat et va s’investir à fond tout en étant très crédible. Celui qui tire son épingle du jeu, c’est Toby Huss, qui incarne le tueur à gages complètement fou. Alors que beaucoup seraient tombés dans le ridicule à cabotiner à mort, Huss arrive à trouver le juste milieu et nous pond un personnage à la fois barge et inquiétant. Bien que les personnages soient parfois un peu clichés, ils sont malgré tout très funs. Le minimum syndical est là en termes de développement, mais c’est tout de même suffisant par rapport à ce que le film nous raconte. Carnahan va mettre en place trois catégories de personnages : les flics, les criminels qui ont encore un peu d’humanité, et les criminels qui se fichent des autres. Le scénario a l’intelligence de semer le doute sur qui rentre réellement dans quelle catégorie et on salue l’effort de ne pas faire des personnages lisses et trop manichéens.
L’histoire du film est malheureusement parfois un peu incohérente, ou tout du moins parfois brouillonne, avec certaines choses qui ne sont pas expliquées correctement (le meurtre du politique n’est pas très clair). La logique est parfois un peu mise à mal, mais cela pourrait être dû à un possible charcutage lors du montage, des scènes auraient été supprimées. Mais il faut arriver à passer outre car le film veut proposer avant tout un divertissement bourrin et sur ce point-là il y arrive. Bien qu’il mette un peu de temps à se lancer, Copshop va rapidement se mettre à enchainer les scènes d’action, essentiellement des gunfights. Ça défouraille pas mal, Carnahan sait bien les mettre en scène et il filme ses gunfights de manière assez intense tout en faisant en sorte qu’ils restent lisibles. Ils ont un côté jouissif avec énormément de destruction de matériel. Ça se casse, ça se renverse, ça explose, le tout avec un côté sauvage lors des déchainements de violence, parfois assez graphiques avec des petites pointes de gore. Dommage seulement qu’on ait cette impression que personne ne sait viser dans cette histoire, pas même le policier ou le tueur à gages, même lorsque les cibles sont à découvert. Bien que Copshop ne s’approche jamais du classique de Carpenter cité précédemment, il parvient tout de même à instaurer un sentiment de claustrophobie et de tension qui fonctionne, en partie grâce à la bonne mise en scène du réalisateur et à une photographie qui marque des points. Par contre, comme c’est souvent le cas de nos jours, les deux dernières minutes sont clairement de trop. Là pour annoncer une suite, elles sont complètement dispensables car si suite il devait y avoir, cela aurait été entièrement possible sans qu’il y ait besoin de justifier, ou plutôt d’en teaser le point de départ.
Bien qu’imparfait sur certains points, Copshop est une série B bien bourrine qui remplit haut la main son contrat de divertissement. Le dernier film en date de Joe Carnahan fait sans conteste le job grâce à de nombreuses scènes d’action bien troussées et des personnages réussis.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com