Que l’on voit s’en aller, en se tenant par la main, pour ne pas culbuter.

Après la lourdeur indue de Dialogue de feu il est agréable et presque inespéré d’apprécier la légèreté assumée de Coup double. En découle un surnotage évident mais pas si honteux que ça.


Passons sur le gros défaut du film : sa décennie. Autrement dit, une musique infecte, des dialogues trop appuyés c’est-là-qu’il-faut-rire (sauf le « Vous voulez que je vous aide à la lever ? » qui n’en est que meilleur), une moralette itou et un Dana-mégateuf-Carvey à la limite du physiquement supportable. Et surtout, surtout, un final apothéose qui sent le passage obligé comme moi le tabac brun, et tout le monde s’accorde à dire que c’est intolérable.


Ceci mis à part, plein de choses qui passent très bien. Nos deux vieillards s’en sortent parfaitement, Burt en vieux loup fatigué et mélancolique, qu’il jouait déjà à trente ans, et Kirk en vieux roublard alerte, même chose. Ce dernier tient à nous montrer qu’il est resté un grand sportif, narcissisme que je trouve touchant, mais qui pourra agacer, comme pourra le faire ses tribulations sexuelles avec une Darlanne Fluegel qui était partie dans la vie avec 40 de retard sur Izzy et l’a quitté avec, au moins, deux ans d’avance. Détail qui tendrait à relativiser l’importance de la différence d’âge, ceci excluant toutefois l’idylle traumatiquement téléfilmique avec Mia Sara dans Queenie.


C’est que nos deux héros ont des trajectoires différentes dans la première et meilleure partie du film, après trente ans passés ensemble en prison suite à un vol de train aussi retentissant que raté. Forcés de ne pas se croiser, par le merdeux censé s’occuper de leur réinsertion, Burt ira à la recherche de ses souvenirs en se réconfortant dans la nostalgie des 50’s, tandis que Kirk partira à la conquête des 80’s en se vautrant dans les diverses vulgarités de l’époque, et donc entre autres dans Darlanne. Ce qui donnera les gags certes pas nécessairement originaux mais néanmoins ici efficaces du visiteur du passé à la découverte de toutes les petites modernités aussi barbares et inutiles qu’incompréhensibles et nuisibles.


En cerise sur le gâteau, ils sont poursuivis par un Eli Wallach épatant, tenant à honorer un contrat passé avant leur détention, et surveillés par un Charles Durning bien dans son surpoids qui peine à croire en leur rédemption. Il n’aura pas tout à fait tort, car Wyatt et Doc ne sauront se retenir de remettre le couvert dans un final vulgaire donc, mais sauvé tout de même par Tuco et un doigt d’honneur toujours efficace quand il est bien placé.


Une comédie des années 80 sur deux mecs trop vieux pour leur époque, on en fait le tour avec cette phrase, mais cela pourrait être très pénible, et cela ne l’est pas, alors pourquoi en demander davantage.

Duan

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