One Cut of the French

L’idée de produire un remake du Ne Coupez Pas ! de Shinishiro Ueda, tout juste 5 ans après ce dernier, pouvait avoir l’air saugrenue : l’écart temporel est court, le film se suffisait visiblement à lui-même, et une suite américaine existe déjà, sur laquelle je ne m’étendrai pas, dans la mesure où je ne l’ai tout simplement pas vue. Et il est vrai que le cinéphile avisé, ayant déjà vu One Cut of the Dead, dans son titre international, pourrait se questionner sur l’utilité d’un tel projet : le film reprend sensiblement la trame de son inspiration, et la majorité des gags sont répliqués tels quels. Mais le diable se trouve dans les détails, et c’est dans tous les micro-changements apportés par Hazanavicius qu’on trouve un film qui améliore sur tous les points son prédécesseur. Le choix de faire de ce remake une suite ajoute une surcouche méta, et tout s’avère bien mieux calibré d’une manière générale, ce qui permet d’éviter de perdre le spectateur inattentif qui ne saurait pas ce qu’il regarde : les noms japonais, et des étrangetés plus appuyées permettent de comprendre qu’on est bien dans un pastiche de nanar assumé, ce qui permet en comparaison à Coupez ! d’être beaucoup plus fin dans sa seconde partie, en dissimulant une bonne partie de ses gags. On notera enfin la partie de transition, bien mieux gérée (et donc fatalement bien plus drôle) que dans le film de 2017, avec notamment un Jean-Pascal Zadi en très grande forme, dont chaque intervention est parfaitement millimétrée. Et si l’on pourra peut-être déplorer la trop grande proximité avec le long-métrage de Ueda déjà évoquée, particulièrement dans certaines baisses de rythme, force est de constater qu’on a là une vraie bonne comédie, fort efficace, et suffisamment divertissante pour tenir l’attention de son spectateur pendant deux heures.