Réalisé par Jack Starrett, l'un des chantres de la série B seventies US, nerveuse et bien gaulée, Race With The Devil est un haletant road-movie horrifique qui possède toutes les qualités que l'on demande à ce genre d’œuvre au scénario minimaliste dont tout l'intérêt réside dans cette bonne pratique artisanale basée sur les plaisirs innocents que composent un rythme incessant, un climat de paranoïa saillant, ce film transpire littéralement cette impression de danger permanent et des courses-poursuites avec cascades particulièrement efficaces.
Sur un scénario concocté par Lee Frost, réalisateur du cultissime western trash, L'Eperon Brûlant, Race With The Devil est tissé sur un script classique que l'on affilie aisément à ce genre d’œuvre : deux couples, composés, excusez-moi du peu par Peter Fonda et Warren Oates, deux tronches incontournables du cinéma d'exploitation sixties/seventies, et leur épouse respective, à qui Loretta Swit et Lara Parker prêtent leurs traits, décidant d'organiser un road-trip à bord d'un imposant camping-car sont témoins d'un meurtre sacrificiel, commis par une secte satanique. Ils deviendront les cibles de cette horde déchaînée qui semble avoir initié tout l'état du Texas.
Oui, cette secte semble avoir étendu son emprise sur tout l'état, le danger étant manifestement présent dans le moindre village, station service, voir cabine téléphonique. Cette idée de péril permanent qui pourrait paraître grotesque chez un réalisateur quelconque est ici habilement rendu. Le moindre placard peut regorger de dangers inattendus, comme la présence de crotales pas arrivés là pour décorer les lieux. Cette idée de danger manifeste donne donc au film tout son intérêt, et le rendu à l'écran est diablement efficace.
Le film n'est pas un chef d’œuvre définitif a élevé au rang d'incontournable bien évidemment. Trop de défauts apparents, un scénario très trop axé sérial, une interprétation un rien poussive, même si le duo Warren Oates/Peter Fonda fonctionne bien, ils semblent trop souvent détachés et pas toujours impliqués. Peu importe, là n'est pas l'intérêt premier de cette série B qui s'assume en tant que telle, ce qui n'est que trop souvent l'inverse dans l'atroce tambouille cinématographique actuelle par exemple. Des séries Z qui veulent se la jouer film d'auteur.
Jack Starrett est un réalisateur qui assume totalement son rang de fabricant de série B et il ne se gêne pas pour en utiliser toutes les ficelles avec une liberté qui même si elle frise parfois l'outrance et le trop-plein, se veut avant tout généreuse et fun dans le bon sens du terme.