Librement adapté de Dostoïevski et francisé, le film de Georges Lampin fait de Robert Hossein l'étudiant désargenté qui considère qu'une vieille dame riche et usurière ne sert à rien et dont le crime sera sanctionné... par le châtiment.
Dans un faubourg d'une ville non identifiée, Lampin impose d'abord un décor saisissant de misère et de délabrement. C'est une réussite de sa réalisation. Ensuite, on trouve beaucoup de beau monde dans ce drame et des interprètes de choix dans des rôles parfois secondaires (je pense à Carette dans une longue et forte séquence tout proche du misérabilisme).
En fait, Lampin réalise un polar hybride, une façon de série noire à la française enrichie des thèmes de Dostoïevski à propos de la misère et de l'ambivalence humaines, du remord et du cas de conscience, de la foi ou pas, etc, etc...
Le résultat est mieux que ce que j'en attendais, probablement parce que l'histoire de Dostoïevski fait un scénario plein d'incidences et d'idées fortes. Parfois, la mise en scène parait manquer d'habileté ou de précision pour faire passer l'état moral et psychologique des personnages; mais globalement, en se laisse convaincre et entrainer par cette intrigue où le sordide est constamment justifié par la pensée de Dostoïevski.
La relation entre l'étudiant René et le policier clairvoyant Gallet (qui, de mémoire, se substitue au juge Porphyre dans le roman) est un jeu du chat et de la souris un peu réducteur dans lequel Gabin a tendance à "gabiniser". Ces séquences auraient mérité plus de subtilité dramatique.