Il faudrait vérifier si ce moyen-métrage a quelque chose à voir avec le roman éponyme de Céline. J’en doute. Quoiqu’il en soit, c’est un titre étrange, qui ouvre un monde de possibles en soi.


     Pierre, vingt-cinq ans, étudiant à Paris, loge chez Francine (incarnée par la propre mère d’Emmanuel Marre), retraitée dépendante de son fauteuil roulant, dont il prend soin en échange d’un toit. Parallèlement, Pierre ne sait pas pour qui voter. C’est l’entre-deux tours de 2017 et le voilà écumant tour à tour les meetings d’Emmanuel Macron & Marine Le Pen (au sein desquels le film est vraiment tourné).


     D’un château l’autre est un pot-pourri (plutôt réussi) du naufrage de notre société occidentale, touchant aussi bien ses jeunes que ses vieux, ses classes sociales que ses couches familiales. Mais un dialogue se noue entre deux, malgré leurs différences, d’âge, de classe, de bord politique. Un dialogue en grande partie improvisé, marque de fabrique d’Emmanuel Marre, qui au préalable ne se dirigeait pas du tout vers ce film-là et s’est laissé gagner par cette relation, à deux voix, deux corps, deux regards.


     Un moment donné, il y a un plan incroyable : Francine est dans son lit en train d’écouter Brahms. Pierre s’est isolé sur le balcon mais l’observe. Le plan dure bien une minute. Et lorsqu’il referme la fenêtre, on comprend, à la faveur du reflet, qu’il lui tournait le dos et regardait dehors. Le film est peut-être une douce utopie de partage improbable (qui prendra une forme émouvante à Beaubourg quand Francine pleure de ne jamais voir ses enfants) mais ce plan rappelle, subtilement, qu’il y aura toujours un monde entre eux.

JanosValuska
6
Écrit par

Créée

le 27 avr. 2022

Critique lue 52 fois

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 52 fois

D'autres avis sur D'un Château, l'autre

D'un Château, l'autre
Le-Maitre-Archiviste
7

Chaise à bascule que le français moyen

Son titre ? Il le tient d'un roman de l'auteur Céline. Son contexte ? Une France séparée en deux camps durant la présidentielle de 2018. Son histoire ? Celle d'un jeune homme, Pierre, logeant à...

le 19 févr. 2021

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6