Un Dali avec six A, un pour chacun des six acteurs qui interprètent l'artiste dans le film.
Attention, il s'agit nullement d'un biopic, ni même d'un film sur Dali, mais plutôt d'un film AVEC Dali, ce qui en soit pourrait être une idée intéressante, mais le problème est que le film n'a malheureusement pas grand chose à raconter.
Après une scène d'ouverture très drôle, avec une traversée de couloir interminable, il peine à maintenir la cadence et à trouver le bon tempo comique. Certes, le côté absurde est plaisant et n'est pas sans rappeler Bunuel, mais, malgré de belles trouvailles pour rendre compte de l'excentricité de l'artiste, les sourires l'emportent clairement sur les rires, ces derniers étant même assez rares et quelque peu forcés dans la salle, déclenchés systématiquement par un seul et même ressort comique de répétition, celui de la scène avec le prêtre.
C'est lorsque le film interroge le rapport à la réalité et à l'image qu'il devient plus intéressant. Par son système de boucles, et de narration en mode poupées russes, il se rapproche très clairement de Réalité, mon film préféré du réalisateur, en faisant perdre petit à petit tout repère au spectateur, et en l'entraînant dans une spirale étourdissante lors d'un dernier quart très réussi.
Faire interpréter le même personnage par six acteurs différents entraîne inévitablement chez le spectateur la tentation de comparer les performances. Si Edouard Baer ne joue clairement pas dans la même cour, c'est Jonathan Cohen qui tire le mieux son épingle du jeu, ne serait-ce que pour le plaisir de le voir obligé d'incarner enfin quelque chose d'autre que lui-même. Pio Marmaï souffre de la comparaison avec ses pairs et confirme les faiblesses entraperçues dans d'autres films. Comme dans les autres films de Dupieux auxquels elle a participé, Anaïs Demoustier se fond parfaitement et très naturellement dans l'univers du réalisateur.
Enfin, qu'il est cocasse d'imaginer à quel point les nombreux spectateurs qui ont découvert et se sont intéressés au cinéma de Quentin Dupieux grâce à Yannick, le film le plus "normal" du réalisateur, risquent d'être désarçonnés !
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