J'adore Naomi Tani! Elle m'impressionne régulièrement. Elle sait à merveille jouer de son visage. Sa palette expressive lui donne une faculté à varier les émotions qui ne peut que laisser admiratif. Indéniablement, il se passe quelque chose à l'écran quand Shôgorô Nishimura filme son visage. La tension sexuelle est incroyable juste par ses jeux de regard et sans doute aussi grâce à un physique avantageux : le grain de sa peau, le dessin charnu de sa poitrine lui donnent l'avantage de la générosité sur ses nombreuses consœurs pour en faire une reine du pinku eiga.

Elle gère bien les scènes érotiques et les scénarii sado-masochistes de Oniroku Dan. Et surtout dans ce film qui va très loin. Je n'en reviens toujours pas, mais ce film contient une séquence zoophile non simulée, mal dissimulée par une pixellisation de l'image qui m'a un peu choqué. D'abord, je ne m'y attendais pas. Cela fait belle lurette que je furète dans le cinéma érotique japonais pour y découvrir de jolis moments de créativité ciné, mais jamais je n'avais vu un truc pareil! Et puis tout simplement, la zoophilie me dérange. J'ai l'esprit large, or là, je cale. Reste qu'une nouvelle fois, on peut mesurer le gouffre qui sépare le Japon d'un pays comme la France. Comment imaginer une scène porno zoophile dans un film érotique français? Impossible. Du moins me semble-t-il.

Bon, je reprends mes esprits : en dehors de cette scène et de la prestation de Naomi Tani... que vaut ce film?

De Shôgorô Nishimura j'ai vu "La femme aux seins percés" qui m'avait laissé une belle impression. La thématique de la femme soumise et qui aime ça était déjà présente. Le travail de Nishimura était nettement concentré sur l'actrice principale et les plans rapprochés sur les visages à scruter les expressions étaient légion.

On retrouve également ce grain de photo propre aux productions de la Nikkatsu. C'est doux, soyeux, très agréable à l’œil. Je pense que visuellement tout de même "La femme aux seins percés" était plus riche et complexe, plus réfléchi.

Ce "Rope cosmetology" est très correct, quelques plans sont même assez beaux, mais la variété de propositions me parait plus mince. Peut-être que la banalité de l'histoire empêche le film de paraître plus intéressant? Hum... mouais... argument un peu con, non?

Sûrement une filouterie de ma part pour trouver une transition et raconter le gros de l'histoire. Mais c'est vrai qu'une femme délaissée par son mari et qui découvre le SM par une copine n'inspire guère pour son originalité. Et quand les deux époux finissent par pratiquer, puis par retrouver leur joie de vivre ensemble, on est fixé sur l'ordinaire du sujet.

Non, s'il n'y avait pas Tani, j'aurais peut-être déjà oublié ce film. Ça ronronne un peu sur la fin, les enjeux restent limités par le scénario et à part la séquence zoophile, pas une once de surprise.

Donc un petit pinku eiga, une curiosité, une actrice formidable, une belle photo, mais une histoire très ordinaire et linéaire. Pas de quoi fouetter un berger allemand.
Alligator
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le 11 juil. 2014

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Alligator

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