Après avoir exploré l’intimité de la famille royale britannique dans Le Discours d’un Roi et le registre de la comédie musicale dans Les Misérables, Tom Hooper revient cette fois-ci avec une biographie transgenre. The Danish Girl retrace l’histoire d’Einar Wegener, peintre danois, et de sa femme, Gerda Wegener. L’artiste est connu comme la première personne à avoir subi une chirurgie de rétribution sexuelle en 1930, pour prendre pleinement possession de sa nouvelle identité : Lili Elbe.
Voilà donc un script prometteur, qui offre au réalisateur l’occasion d’explorer un thème encore trop rare au cinéma, et encore trop problématique dans nos sociétés. Malheureusement, malgré des qualités évidentes (costumes et décors d’époque) et la volonté de (trop ?) bien faire, The Danish Girl brille par sa platitude. Hooper présente ici une œuvre trop conventionnelle, académique à souhait. L’image est lisse, sans émotion. On aurait peut-être préféré une œuvre plus subversive.
Eddie Redmayne, récemment récompensé pour son interprétation magistrale du physicien Stephen Hawkings dans Une Merveilleuse Histoire du Temps revient de nouveau avec un rôle « à Oscar ». Sauf qu’ici le charme n’opère pas toujours. Son interprétation entre masculin et féminin est certes très bonne, mais elle frôle trop souvent le too much, voire la caricature. Il a le physique approprié pour ce rôle, mais ce dernier n’est pas exploité en profondeur.
La vraie (bonne) surprise de ce long-métrage est, comme dans une Merveilleuse Histoire du Temps, le personnage féminin qui porte le film, ici celui de Gerda, interprétée avec justesse par l’actrice Alicia Vikander. Elle aussi mériterait d’être nominée dans la catégorie du meilleur rôle principal, et non dans celui du secondaire comme c’est le cas. C’est à travers elle que l’on voit la naissance de Lilly.
In fine The Danish Girl est un film en apparence taillé pour l’Oscar ; sauf qu’il n’en épouse pas les formes.