En à peine un mois deux films similaires sur de nombreux points débarquent dans les salles. Et leur principal point commun qui enchante nos cœurs de cinéphiles vient de leur nationalité et de leur genre. En effet, « Dans la brume » et, il y a un mois, « La nuit a dévoré le monde » sont des productions françaises qui investissent le terrain du film de genre. De là à dire que ça bouge enfin dans ce domaine, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas pour le moment par prudence. A l’annonce d’un tel projet où l’on voit Paris se retrouver enseveli sous une mystérieuse brume tandis qu’une famille essaye d’y survivre, on pouvait craindre le pire. A la croisée du film catastrophe et du drame mâtiné de science-fiction, ce projet mettait l’eau à la bouche mais semblait voué à l’échec comme une grosse partie des tentatives de films de genres dans le cinéma hexagonal. Et si « La nuit a dévoré le monde » qui enfermait également son protagoniste dans un immeuble parisien (autre similitude) mais cette fois suite à une invasion de zombies était imparfait mais plein de mérite, « Dans la brume » est en revanche une claire et franche réussite. D’ailleurs on se demande pourquoi le film n’a pas été montré à la presse car il est loin d’être honteux, mais au contraire plein de promesses pour le futur et pourvu de bon nombre de qualités.
La première d’entre elles vient de la maîtrise formelle et narrative du réalisateur Daniel Roby dont c’est le premier film. Et on retrouve cela dans sa parfaite optimisation du cadre et du montage ainsi que par le biais d’effets spéciaux plus que convaincants (le contraire aurait d’ailleurs pu ruiner la crédibilité du projet). En effet, la promesse d’un Paris sous la brume est tenue et se révèle impressionnante donnant lieu à des vues à la fois sublimes et inédites sur la capitale française. Et Roby, conscient d’un budget qu’on suppose limité, a su tirer partie de toutes les possibilités de son script: l’action est circonscrite à un immeuble avec une famille et leurs voisins comme seuls personnages et quelques rares - mais pertinentes et étouffantes - sorties à l’extérieur. Le film est court et ne passe pas par quatre chemins pour notre plus grand plaisir. On rentre très vite dans le vif du sujet sans pour autant négliger une exposition limpide et exemplaire ni la psychologie des personnages. Et tout cela file à un rythme fou! Même si « Dans la brume » emprunte tout de même pour ses deux tiers le chemin du huis-clos, il parvient paradoxalement à être extrêmement vigoureux dans la progression de l’action et jamais statique.
On aurait aimé peut-être quelques scènes de destruction massive en plus et une conclusion moins abrupte (ce qui ne veut pas dire qu’elle est mauvaise, au contraire elle est maligne mais nous laisse un tout petit peu sur notre faim). Mais c’est dérisoire au regard du grand vent de fraîcheur que nous apporte ce long-métrage audacieux et particulièrement abouti. Qui plus est, le suspense est au rendez-vous, on a le droit à des rebondissements étonnants et surtout, ce qui l’est encore plus, à des moments d’émotion très intenses. Romain Duris qui retrouve un rôle dans un film d’anticipation vingt ans après le « Peut-être » de Cédric Klapisch et son Paris ensablé est au top et sa partenaire Olga Kurylenko trouve là son meilleur rôle. Ils nous gratifient de belles scènes aidés par les superbes seconds rôles que constitue ce couple d’octogénaires qui nous réserve une scène poignante et belle à en pleurer. Bref, « Dans le brume » se révèle être un long-métrage surprenant et réussi dans les grande lignes dont il serait bête de se priver vu la rareté de la chose dans le paysage cinématographique hexagonal.
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