Autant c'est la clémence qui prédomine dans le jugement d'un film de SF est-allemand de 1960 comme "L'Étoile du silence", autant il est difficile de voir autre chose qu'un navet intersidéral dans "Dans la poussière des étoiles" qui sert à peu près la même formule (avec quelques variations propres à son époque) mais plus de 15 ans plus tard. La sidération fonctionne un certain temps lorsqu'on est confronté à une telle dose de kitsch, mais vraiment on nage dans un délire aussi grand que "L'Âge de cristal" pour citer une autre pépite toute naze de l'autre côté du rideau de fer.


C'est un film à recommander à tous les amateurs de miniatures en tous genres (explosions, accidents, vaisseaux spatiaux avec pleins de machins qui tournent), de décors en carton et polystyrène, de costumes ridicules et d'interprétations catastrophiques. Le grand méchant que l'on ne verra que dans la dernière partie, d'ailleurs, est une catastrophe ambulante — il est censé symboliser le pouvoir absolu et la tyrannie dangereuse, mais on pouffe à chacune de ses apparitions, avec ses cheveux teintés soit en rouge soit en bleu, et sa dégaine totalement improbable. Mais ce n'est qu'un énième raté au sein d'une production qui n'avait semble-t-il aucun point de contrôle et qui s'est lancée à corps perdu dans cette mascarade déplorable. Du sous-space opera, du sous-Morricone, du sous-érotisme disco avec serpents tentateurs, le tout savoureusement ponctué de lignes de dialogues absconses.


Il y avait pourtant des arguments notables, l'équipage presque entièrement féminin (qui n'empêche pas de travailler la même vision masculine de l'érotisme, ce qui en fait un hors sujet curieux), des objets insolites (des sprays buccaux pour l'apéro), quelques passages en extérieurs réels (des zones volcaniques roumaines), et des scènes de danse surréalistes (il y en a en pagaille, on se lasse au bout d'un moment). La ligne de fond : ces peuplades étrangères ont colonisé la planète et réduit les habitants à l'esclavage, soit une évocation à peine déguisée de l'impérialisme états-unien sur fond d'ésotérisme new-age. Mais en comparaison, "Barbarella" et "Zardoz" incarnent une SF mesurée, et "La Planète des vampires" un chef-d'œuvre.

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le 25 avr. 2025

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