Dans l'ampleur de l'orchestration d'une enquête policière, "Into the Net" fait preuve d'un avant-gardisme assez remarquable : des disparitions de jeunes et belles aristocrates en pagaille qui font la une des journaux, une organisation occulte qui se révèlera uniquement dans les derniers instants, et le fiancé de la dernière femme kidnappée qui mène les investigations avec un couple formé par un policier et sa promise. Si les différents protagonistes ne brillent pas par leur charisme, c'est du côté de la narration et de la mise en scène de l'action qu'il faut aller cherche le dynamisme et à ce titre l'intérêt.


La gestion de l'espace dans les rues de Manhattan est vraiment bluffante, avec une dimension indirectement documentaire et terriblement immersive dans la lignée du court-métrage "A Trip Down Market Street Before the Fire" réalisé 20 ans auparavant dans les rues de San Francisco. C'est à la faveur d'une embardée policière, tandis que tous les effectifs sont lancés à la poursuite des malfrats et à la rescousse des victimes, que la caméra est embarquée à l'avant d'un véhicule pour parcourir pendant de longues séquences des quartiers de New York pour terminer sur le Brooklyn Bridge après être passé par Time Square. Ces allées qui foisonnent de vieilles voitures, de piétons qui traversent de manière chaotique, tout en étant dépourvues de signalisation (même si les innombrables feux semblent remplacés par des policiers en charge de la circulation, leur densité assez impressionnante)... Une petite capsule temporelle lancée par un "suivez ce taxi !", vecteur d'une sensation de vitesse — relative — vraiment saisissante.


On y retrouve également les débuts de la police scientifique, avec des analyses d'empreintes à l'ancienne (mais étonnamment efficaces), constituant à ce titre une pierre de l'édification des forces de l'ordre qui sont dépeinte dans toute leur droiture et leur efficacité dans ce film. Si l'on ajoute à cela l'obsession finale qui insiste lourdement à incriminer l'étranger (dans le registre du conspirateur ennemi de la nation, en l'occurrence, celui qui enlève nos jeunes femmes pour les envoyer au loin), avec un carton assez explicite ("Originaire de la lointaine Asie... Un cerveau dérangé, d'une perversité surhumaine, entièrement voué à l'exaspération de sa propre déchéance"), on a là une résonance assez troublante avec l'actualité.

Morrinson
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le 11 juin 2020

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