Thra: The Quest of the Crystal

Quel oeuvre peut rivaliser avec The Dark Crystal ? The Dark Crystal: Age of Innocence.

En effet, il n'y a aucun équivalent à Dark Crystal. Mêlant la Fantasy au drame, ce film se permet surtout de mettre en vedette des marionnettes ! Et ça, il faut être fou pour se lancer dans un projet pareil !

Mais Jim Henson l'était assez pour y croire et il l'a fait.

James Maury Henson en connait un bout au rayon marionnette puisqu'il est l'instigateur de programmes célèbres qui utilisèrent ce moyen d'expressions artistique, tel que Sesame Street ou The Muppet Show.
Cependant, ces programmes étaient destinés avant tout à la jeunesse et tout n'était qu'humour et couleur éclatante...
...alors que son projet The Crystal en était l'exact opposé. Henson ne voulait plus être uniquement désigné comme le "nice guy with the nice puppet" et sa philosophie lui dictait que la peur ressenti par un enfant était une émotion saine pour l'apprentissage de la vie, rejoignant ainsi la manière de penser et de créer des frères Grimm, qu'Henson aimait beaucoup.

Jim eut alors une "illumination" après avoir lu l'édition illustrée par Leonard Lubin de poèmes de Lewis Carroll, où l'on y voit des crocodiles habillés se prélassant dans un univers Victorien:

-"It was the juxtaposition of this reptilians thing in this atmosphere that intrigued me..." déclara t-il plus tard.

(OST) Overture by Trevor Jones:
https://www.youtube.com/watch?v=iNOa50Lsge8&list=OLAK5uy_kHTilu1m_vmDpvjOuN__st7mpgrPybyT4

Lorsque Henson jette sur le papier les bases du récit, il y parle des Reptus (futurs Skeksis) qui prenne le contrôle du Royaume d'Eunaze (prononcer Yunaisi) dirigé par Malcom the Wise.

Une fois que les Reptus ont annihilé toute la population, ils doivent faire face au fils de Malcom - Brian -, dernier survivant de son espèce.

Le dit Brian (qui a été adopté par les Badas, race des mystiques qui sont les doubles positifs des Reptus-mêmes) sera aidé dans sa quête par la jeune Dee pour retrouver le cristal qui sauvera la planète Mithra de la destruction...

En août 1977, Henson se dirigera alors vers l'illustrateur Brian Froud pour l'aider à visualiser cet univers si particulier et bientôt, un livret de 25 pages fut prêt pour être présenté à des financiers en vu d'en faire un film.

C'est du côté de Gary Kurtz (producteur d'American Graffity et des deux premiers Star Wars) qu'Henson trouvera enfin une ouverture.
Lew Grade (patron de la défunte compagnie de distribution ITC, qui produisit The Sentinels, Space 99, Capricorn One...) se joindra lui aussi à l'aventure avant de l'abandonner à l'issue de la projection-test désastreuse.

Mais revenons-en à la pré-production rapidement. Le traitement de 20 pages fut donc transformé en script et il y eu - outre des rajouts - quelques modifications.

Ainsi, quelques noms et quelques détails furent changés:

-Brian devint Jen le Gelfling,

-Dee devint elle aussi une Gelfling (ailée, puisque seules les femelles en sont pourvues) et fut renommée Kira,

• les Reptus devinrent les Skeksis ,

-les Badas furent rebaptisés les UrRu,

-la planète Mithra fut raccourcie en Thra,

-et bien sûr, le titre passa de The Crystal à The Dark Crystal.

Une fois le premier montage fut fini, le film fut présenté à une projection-test...et le public n'aima guère le film, du fait de son ton sombre, des marionnettes et du fait que le langage inventé (donc incompréhensible) des Skeksis soit sous-titré, exercice fatiguant s'il en est pour un public de base...

C'est donc à ce moment-là que Lew Grade décida de revendre les droits de distributions (il ne croyait alors pas que le film puisse fonctionner en tant que tel) à un businessman sud-africain...et ce fut finalement Henson himself qui racheta les droits avec son propre argent.
Cela dit, la société de Grade (ITC) restera affiliée au film ainsi que noté et dans le générique de fin et sur l'affiche originale.

Henson travailla étroitement avec son monteur Ralph Kemplen, effectua quelques coupes (un peu plus de 2 minutes, hors scènes coupées avant présentation à la projection-test) et fit redoubler tous les dialogues des Skeksis en anglais pour
"""
faciliter le transit intestinal des spectateurs ne pouvant pas et lire et regarder un film à la fois
""".

The Dark Crystal sortit finalement dans sa version revue le 17 décembre 1982 et - s'il ne fut pas un succès éclatant, après le torrent formaté "c'est mimi" dû à E.T- il rentra sans peine dans ses frais et ce, malgré sa nature si particulière au sein du paysage cinématographique d'alors (et de maintenant, quoi qu'on en dise).

TDC occupe une place particulière dans mon cœur et ce, depuis des décennies. N'étant pourtant ni un adepte de la Fantasy et encore moins des marionnettes.
Le film du duo Henson/Oz a réussi à m'enchanter (et croyez-moi, c'est pas facile et peu de films peuvent se targuer d'avoir réussi, à la manière de l'émouvant Bridge to Terabithia, pour n'en citer qu'un) de par sa magie qu'il dégage et du traitement adulte de ce conte de fée à la Grimm.

Dans ma prime jeunesse, j'eus même le béguin pour la douce Kira (dont la brève mort me fendit le cœur, avant que celle plus définitive de la Leslie de Terabithia ne la remplace) qui semblait être si simple et en phase avec son environnement...

Autant les deux (et uniques) Gelflings sont bons, autant les Skeksis sont cruels et égocentriques dans leurs courses aux pouvoirs et à l'éternité. Ils ont quelques chose de très humains, ne trouvez-vous pas..?

Henson réussit donc à mener à terme ce qui fut le projet de sa vie (créateur, auteur, co-réalisateur, producteur, acteur) et 37 ans plus tard, TDC reste toujours unique dans son genre...maintenant prolongé par l'a superbe série portée et par sa fille Lisa et par Brian Froud et par (roulement de tambour) Louis Leterrier, oui le frenchy de l'écurie Besson qui a réussi à enfin s'accomplir artistiquement parlant après avoir réalisé l'intégralité des 10 épisodes du show Age of Resistance, mais ça, c'est une autre histoire que je vous conte par là (https://www.senscritique.com/serie/Dark_Crystal_Le_Temps_de_la_resistance/critique/202483127)..

PS: A noter que la version que j'ai vu ce jour-ci est le "Director's Cut" ou "Assembly Version" faite par un fan (d'une durée de 98 minutes à la place des 91 minutes du montage cinéma), reprenant ainsi quelques scènes issues du workprint (en N&B qualité VHS non-étalonnée, dont la fameuse montrant les funérailles de l'Empereur Skekse), sans narrateur ni voix-off "interne" et surtout avec les Skeksis discutant entre eux dans le langage inventé par le scénariste David Odell.

C'est certes plus abscons mais immersif, puisque la compréhension des Skeksis uniquement passe par l'observation de leur langage corporel.

Cette version - malgré une bande-son pas toujours audible, car repiquée sur un support VHS) - est une intéressante alternative pour imaginer ce que fut le projet originel aux yeux du trio Henson/Oz/Odell

For Jim, the Dreamer...

(OST) The Finale by Trevor Jones:
https://www.youtube.com/watch?v=BZZhOyayejc&list=OLAK5uy_kHTilu1m_vmDpvjOuN__st7mpgrPybyT4&index=13