Adaptation de la série télévisée américaine éponyme, ce premier-long métrage de John Harrison, fidèle collaborateur de Romero et connu essentiellement pour avoir composé la bande-son de "Creepshow", est probablement la meilleure séquelle spirituelle du premier "Creepshow", synthèse ultime de tout un pan de cinéma et de bande-dessinée, noire, moralisatrice, et délicieusement macabre.


Davantage inspiré par son modèle que par la série TV dont il est censé être adapté, "Darkside, les contes de la nuit noire" est un film d'horreur à sketches pensé et voué à être, en quelque sorte, le "Creepshow 3" illégitime. Et il l'est.


Cette critique sera donc scindée en quatre parties, étant donné que l'intrigue est subdivisée en trois segments distincts et indépendants, le tout lié par un fil conducteur.


"The Wraparound story"


Fil conducteur, squelette de l'intrigue, ce dernier se révèle très anecdotique, n'ayant pour unique intérêt que de servir d'enrobage à l'oeuvre et lier les histoires entre elles: Un petit garçon, enfermé contre son gré est contraint de lire des contes à sa ravisseuse afin de retarder l'heure de sa mort. Une intrigue subsidiaire, dans laquelle le garçon en question, se voit devenir un crypt-keeper de substitution, histoire de combler les temps morts. Dans le genre, nous lui préférerons les sketchs introductifs des segments de "Creepshow 2" (pour son animation, analogue du comics référencé, en l'occurence "Tales from the crypt), de "Body Bags" (Pour Carpenter en coroner décalé) et "Tales from the crypt" (1972) (faute d'originalité). Mais, en dépit de fils conducteurs potables en ce qui concerne les trois films cités ci-dessus, les sketchs (et donc, l'essence même de ce sous-genre du film d'horreur) ne tenaient pas la route.


5/10


"Lot 249"


Adaptation d'une nouvelle courte d'Arthur Conan Doyle (par ailleurs, crédité au générique de ce long), le terrain est connu pour tout bon amateur d'horreur, mais il demeure un véritable régal. Ce premier segment donne le ton. La formule est un tantinet convenue mais s'avère efficace. Les frissons sont au rendez-vous, le sketch se délie de toute censure (Certaines scènes inspirent le dégoût) et le final témoigne d'un réel sens du macabre. Les maquillages y sont irréprochables. Quant à l'acting, ce dernier se montre très honnête (Le film est chargé de têtes connues: Steve Buscemi, Christian Slater, Julianne Moore, William Hickey,..)


7/10


"Cat from Hell"


Le second segment adapte une nouvelle délaissée par Stephen King, ré-écrite par Romero, et finalement éditée en 2008 dans un recueil de King. (A savoir que le film est daté de 1990 et la nouvelle écrite partiellement en 1977). Ce segment se situe dans la bonne moyenne de la série. En l'état, ce sketch ne constitue pas le fleuron de "Darkside". Il bénéficie d'une réalisation plus télévisuelle, vacillant entre les partis pris esthétiques du "Creepshow" de Romero et ceux de la série. La morale y est teintée d'humour noire, plutôt cocasse et marque une critique exacerbée au capitalisme. (Un sujet, traité préalablement dans la série dès son pilote en 1983). Mention spéciale pour le final demesuré, un chouia (Nanahara. Pardon.) ridicule mais extrêmement gore, compte tenu des standars de l'époque et de la censure qui plane sur un nombre trop élevé de productions actuelles. (Et qui aurait sérieusement nuit à ce long.)


7/10


"Lower's Vow"


Dernier segment, et de loin le plus brillant. L'horreur se manifeste promptement dans cette histoire, avant de disparaître pour un bon moment. C'est dans son final, surprenant et bien amené que le sketch, un peu mou du genou dans son traitement certes, prend son envol (Comprendra qui verra) et frappe un grand coup. Le meilleur pour la fin? Assurément. Alors, oui, la romance présente dans ce segment est plutôt hâtive, peu crédible et bas de gamme mais la surprise que vous réservera la chute est de taille.


8/10


En conclusion, "Darkside, les contes de la nuit noire" est une sympathique itération de "Creepshow", sans être toutefois une redite. Très inspiré par ce dernier, "Darkside" se démarque toutefois dans sa réalisation plus conventionnelle, moins expérimentale, moins pulp (moins "comics" en somme) mais propose un contenu tout aussi divertissant, disposant d'une grande liberté artistique et graphique (Ici, on ne lésine clairement pas sur le gore, le métrage incluant des séquences hallucinantes dignes des plus grands cerveaux malades d'Hollywood), une belle brochette d'acteurs, le tout servi par d'excellents effets spéciaux.


"Darkside" est le parfait héritage de "Creepshow", le premier degré et le gore en cadeau.
Et si l'on ne se montre pas trop intransigeant, quitte à faire abstration des maigres imperfections du film, il n'en sera que bien meilleur.

QuentinDubois
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le 13 déc. 2016

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Quentin Dubois

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