Voilà un titre bien ironique... Car finalement, il est difficile de cerner ne serait-ce qu'une pointe d'optimisme dans ce film...

On se retrouve face au récit d'une tragédie rurale, où le bus scolaire d'une campagne reculée du fin fond du Canada finit sa course au milieu d'un lac gelé, suite à un virage fatidique... Emportant ainsi un bon nombre des enfants des environs, qui allaient à l'école, comme d'habitude. Le film suit les avancées de Mitchell Stevens, l'avocat qui cherche à défendre les parents et les survivants. Mais ce dernier a aussi son histoire, ses difficultés : sa fille s'est peu à peu éloignée du cocon familial pour se réfugier dans une vie de junkie, en perdant ses repères et tombant toujours plus bas.

Mitchell cherche donc à rencontrer les familles des enfants disparus, pour les convaincre de relâcher leur souffrance, en vue d'un futur procès. Mais les habitants sont difficiles à aborder. Le village a toujours vécu de façon plus ou moins reclue, une communauté où l'entraide prime, mais où les étrangers sont mal perçus au premier abord. Ceci dit, la tragédie a fortement marqué tout le monde, et il faut faire quelque chose... Le village était bien paisible, et il demande à le rester, même après cet "événement". Pour faire le deuil de la plus sincère des façons. Comme le veut la tradition, comme l'auraient fait les autres avant eux.

Bref, cette adaptation d'un livre garde un aspect très littéraire. L'histoire du joueur de flûte de Hamelin permet de donner une vie à la voix-off de Nicole. Le réalisateur a une façon désabusée de voir les choses, un côté distant à première vue, mais en fin de compte très axé sur les sentiments. Les scènes poignantes se succèdent, notamment les discussions avec Zoé au téléphone ("I can hear you breathing, Daddy...")...

Et puis l'évocation du trajet vers l'hôpital, avec ce regard de la petite... Rien de tel pour finir son paquet de Kleenex.
Acco
6
Écrit par

Créée

le 8 juin 2011

Critique lue 821 fois

3 j'aime

Acco

Écrit par

Critique lue 821 fois

3

D'autres avis sur De beaux lendemains

De beaux lendemains
-l-
7

( Attention aux spoils ! )

Pour les allergiques d'Egoyan, mieux vaut passer son chemin : on retrouve, comme à son habitude, une réalisation des plus sobres dans la forme qui cache une grande complexité dans le fond, ici,...

le 19 mars 2014

8 j'aime

1

De beaux lendemains
Val_Cancun
6

Bonjour tristesse

Film le plus réputé du canadien Atom Egoyan, qui adapte le roman éponyme de Russell Banks, "The sweet hereafter" pourrait concourir au statut de "film le plus triste du monde". Tout est là pour...

le 20 déc. 2018

7 j'aime

3

De beaux lendemains
MickDenfer
8

La douceur et la brutalité d'une victime

Souffrance, existence, adolescence, inceste, communauté, secrets, avocat, accident... Comment, en quelques secondes, tout peut s'en aller. Une merveilleuse chanteuse, un père indigne et l'argent...

le 21 oct. 2020

4 j'aime

1

Du même critique

Manhattan
Acco
9

Critique de Manhattan par Acco

Les vieux Woody Allen sont de véritables pépites. C'est incroyable de voir à quel point tout semble si naturel : les éléments s'enchaînent avec une fluidité évidente, avec tout cet aspect narratif...

Par

le 5 janv. 2011

16 j'aime

6

Les Idiots
Acco
7

Critique de Les Idiots par Acco

Deuxième rejeton du mouvement "Dogme95", ce film suit un groupe de personnes se faisant passer pour des attardés mentaux. Cette attitude brouille les pistes, entre le simple jeu et quelque chose de...

Par

le 5 janv. 2011

14 j'aime

Quatre nuits d'un rêveur
Acco
9

Critique de Quatre nuits d'un rêveur par Acco

Il est triste de voir que ce film est parmi les moins connus de Bresson... Car malgré son aspect mineur, tout y est remarquable. Dans cette adaptation d'une nouvelle de Dostoïevski, un dandy...

Par

le 8 juin 2011

13 j'aime