De beaux lendemains par Acco
Voilà un titre bien ironique... Car finalement, il est difficile de cerner ne serait-ce qu'une pointe d'optimisme dans ce film...
On se retrouve face au récit d'une tragédie rurale, où le bus scolaire d'une campagne reculée du fin fond du Canada finit sa course au milieu d'un lac gelé, suite à un virage fatidique... Emportant ainsi un bon nombre des enfants des environs, qui allaient à l'école, comme d'habitude. Le film suit les avancées de Mitchell Stevens, l'avocat qui cherche à défendre les parents et les survivants. Mais ce dernier a aussi son histoire, ses difficultés : sa fille s'est peu à peu éloignée du cocon familial pour se réfugier dans une vie de junkie, en perdant ses repères et tombant toujours plus bas.
Mitchell cherche donc à rencontrer les familles des enfants disparus, pour les convaincre de relâcher leur souffrance, en vue d'un futur procès. Mais les habitants sont difficiles à aborder. Le village a toujours vécu de façon plus ou moins reclue, une communauté où l'entraide prime, mais où les étrangers sont mal perçus au premier abord. Ceci dit, la tragédie a fortement marqué tout le monde, et il faut faire quelque chose... Le village était bien paisible, et il demande à le rester, même après cet "événement". Pour faire le deuil de la plus sincère des façons. Comme le veut la tradition, comme l'auraient fait les autres avant eux.
Bref, cette adaptation d'un livre garde un aspect très littéraire. L'histoire du joueur de flûte de Hamelin permet de donner une vie à la voix-off de Nicole. Le réalisateur a une façon désabusée de voir les choses, un côté distant à première vue, mais en fin de compte très axé sur les sentiments. Les scènes poignantes se succèdent, notamment les discussions avec Zoé au téléphone ("I can hear you breathing, Daddy...")...
Et puis l'évocation du trajet vers l'hôpital, avec ce regard de la petite... Rien de tel pour finir son paquet de Kleenex.