De la Guerre est un film intrigant car il mêle des choses qu'on a du mal à lier en tant que spectateur.


Un miroir lie le réalisateur à son personnage principal: Bertrand, réalisateur, joué par Mathieu Amlaric, prépare son prochain film. C'est dit, c'est assumé dès le début, voilà un film méta: Bertrand regarde Existenz de Cronenberg à la tv, il rejoue une scène d'Apocalypse Now, une affiche de Tiresia est accrochée au mur de chez lui et Laurent Lucas joue son propre rôle dans le film...
Et pourtant, pas de naturalisme. Le monde que décrit Bonello est très hostile et très mis en scène. Ce monde, Bertrand (le personnage) veut s'en éloigner, s'en détacher. Il fait alors une retraite à la campagne dans un groupe de personnes prônant la jouissance, le repos, tout en déclarant être en guerre contre le monde extérieur...
"De la Guerre", et pourtant, c'est le grand calme. Un calme qui désarçonne. Le calme de la tristesse, du vide intérieur...
Devant le film, on se laisse prendre et on ressent avant de comprendre...
Parce qu'on ne comprend pas tout, ou du moins, il n'est pas évident, au premier abord de faire le lien entre tout ce à quoi on assiste... Certaines scènes sont moins prenantes que d'autres, le personnage d'Asia Argento, par exemple, m'a laissée perplexe... Et puis, on est par moment, moins concentré qu'à d'autres... Et bien, qu'on se laisse aller à partager des émotions avec le personnage, on attend aussi malgré tout, quelque chose, un dénouement qui viendrait éclairer toute cette histoire. C'est alors que la fin arrive, et résonne comme une conclusion logique mais pauvre en émotion...


Cependant, comme les autres films de Bertrand Bonello, De la Guerre semble touché par la grâce.
Qu'ils soient plus ou moins bancals, qu'ils contiennent ou non des maladresses, ses films touchent toujours à quelque chose de foncièrement vrai. Ils semblent écrits comme on compose de la musique. Bonello ose faire ce qu'il veut, il ose parler son propre langage car c'est l'authenticité de son discours qu'il privilégie.
Des images et du son pour décrire, transmettre un sentiment. Pas de mots pour ça. Pour moi c'est ça le cinéma.

ºOlivia
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le 28 mars 2017

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