En guise de préambule, il faut que je précise n'avoir jamais vu de films de Jacques Audiard avant celui-ci. C'est donc sans aucun à priori pour le réalisateur que je suis allé découvrir De Rouille et d'Os, qui m'intéressait au départ parce que je le voyais comme un 3e point de vue sur le sujet pas toujours facile à aborder qu'est le handicap, après Intouchables et Hasta la Vista.

Car c'est bien de handicap qu'il s'agit et même si la promo cherche à nous vendre d'avantage une histoire d'amour. En effet, Stéphanie, dresseuse au Marineland d'Antibes, va d'abord faire la connaissance d'Ali dans une boite où il est videur et où elle est prise à parti. C'est après cette rencontre que la jeune femme va perdre ses deux jambes, du genou au pied suite à un accident malheureux en plein spectacle avec un orc.
Ali, lui, atterrit dans le sud de la France chez sa soeur, avec son fils, en espérant trouver du boulot. Videur d'abord, donc, puis agent de sécurité. La famille se débrouille comme elle peut dans une époque fortement marquée par la crise financière où chacun fait avec le peu de moyen qu'il a.
Quand elle va se retrouver paumée, sans moyen de se déplacer facilement car elle attend des prothèses, c'est Ali que Stéphanie va appeler. Et c'est de là que naitra leur relation particulière...

Je ne connaissais donc pas Jacques Audiard, j'ai découvert sa capacité à diriger des acteurs. Sur CloneWeb, ces derniers mois, j'ai souvent dit du mal de Marion Cotillard, convaincante dans aucun des films que j'ai pu voir jusqu'à aujourd'hui. Avec De Rouille et d'Os, tout a changé car c'est une véritable comédienne, impliquée, passionnée, bouleversante que j'ai découvert dans le rôle d'une jeune femme dont la vie a basculé. Face à elle, le Belge Matthias Schoenarts, découvert dans l'incroyable Bullhead est un acteur qu'on commence à connaitre et qui mérite déjà une place au sommet. Cette montagne de muscles sait aussi jouer du poing que montrer une grande sensibilité.

Son personnage, taillé sur mesure pour le comédien, sera le seul à faire ce qu'il faut avec Stéphanie : la considérer comme un être humain, sans jamais la voir comme une handicapée. De la première scène où il l'emmène se baigner comme si tout était normal à leurs multiples retrouvailles sous la couette, jamais il ne la verra comme quelqu'un de différent, sauf peut-être comme une jeune fille ayant besoin d'un coup de main, la même qu'il a rencontré dans une boite de nuit et qui était alors sur deux jambes.
Force brute naïve mais résolument touchante, le personnage d'Ali entrainera Stéphanie également dans son univers, celui des combats de freefights où l'on parie illégalement de l'argent.

Leur rencontre, filmée par un homme de talent ne pouvait donner que quelque chose de grand. Non seulement le film est touchant et les acteurs incroyables mais Audiard les filme merveilleusement. En plaçant une caméra très souvent portée au plus près des personnages, à hauteur de leur regard, près des corps, il fait du spectateur le témoin intime, presque voyeur de l'histoire d'Ali et Stéphanie. Usant de la belle lumière naturelle que peut offrir la Cote d'Azur, soulignant son propos avec une bande originale très choisie (dont State Troper, très belle chanson de Bruce Springsteen), le metteur en scène livre un film débordant de qualités.

Et si on peut lui reprocher de s'enliser dans une sous-intrigue sociale un peu vaine (où il tente de dénoncer les pratiques de certains patrons vis à vis de leurs employés), Jacques Audiard offre néanmoins un très grand film, très émouvant, porté de bout en bout par deux acteurs absolument fabuleux et dont la belle histoire ne peut laisser indifférent, rejoignant ainsi si ce n'était pas déjà le cas (mais comme je l'ai dit en préambule, c'était pour moi une découverte) des noms comme Michel Hazanaviscius, Fred Cavayé ou Florent Emilio Siri.
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le 17 mai 2012

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