Il est enfin arrivé dans les salles obscures, Deadpool, ce trouble-fête tant attendu aux allures de ninja badass pour le néophyte qui aurait le malheur de ne pas s’être renseigné un minimum sur ce personnage ô combien particulier, et qui aura décidé d’inviter sa chère et tendre à aller vivre un intense moment de cinéma à l’occasion de la Saint Valentin. Mais soyons honnêtes, l’affiche aurait du vous mettre sur la piste.


Je ne suis pas un fan hardcore de Marvel. Je ne lis pas les comics, ne regarde pas les dessins animés, et sans les détester, je ne suis pas non plus complètement absorbé et envoûté par les films de la franchise, même s’il est indéniable que les super-héros auront définitivement marqué cette décennie de cinéma, et qu’on n’est pas au bout de nos surprises. Les surprises, c’est d’ailleurs ce que l’on reproche souvent à ces films assez prévisibles, un brin plats, trop conventionnels et pas assez couillus.


Voilà, probablement, pourquoi Deadpool était attendu au tournant. Cet individu atypique est un vrai OVNI dans l’univers Marvel. Réputé pour ses blagues graveleuses et sa propension à briser le quatrième mur (c’est-à-dire entrer en communication directe avec les lecteurs des comics, ou, dans ce cas précis, les spectateurs du film), ce n’est pas un personnage comme les autres, et surtout pas un héros.


Adapter les aventures de Deadpool au cinéma n’était donc pas chose aisée, le parti pris étant tellement fort. Mais Ryan Reynolds tenait trop à ce projet pour se laisser abattre, l’infortuné acteur étant habitué aux échecs (souvent assez injustifiés) au box-office, ayant déjà été familier à l’univers des super-héros en incarnant déjà un Deadpool un brin blagueur mais peu exploité dans X-Men Origins : Wolverine (2009) et Green Lantern dans le film éponyme en 2011.


A l’heure de la rédemption, ce film vient comme une libération pour l’acteur et les fans du personnage. Ce que j’attendais dans ce film, je l’ai eu. Un personnage complètement déjanté, une ambiance particulière où le sérieux est vite supplanté par la joyeuse folie du héros, et surtout un discours d’une liberté assez rare dans un blockbuster franchisé. Au-delà de briser les codes de la franchise Marvel (on note toutefois que c’est très certainement parce que c’est la Fox qui dispose ici des droits cinéma et non Marvel), Deadpool se permet de tacler les échecs passés de la marque, et joue pleinement la carte de l’autodérision. Deadpool s’adresse directement à nous, il cite des acteurs ayant joué des personnages Marvel, mentionne les studios de la franchise, etc. Sans entrer dans les détails pour ne pas vous gâcher le plaisir ni les surprises, le quatrième mur n’a jamais été aussi fragile, et c’est un régal.


Je parlais d’un petit vent de fraîcheur avec Ant-Man l’année dernière, mais Deadpool est infiniment plus puissant. Dans un registre des plus graveleux à l’heure des blockbusters familiaux où le héros bien gentil vit une aventure sans grande surprise ni suspense, le film est à même de déranger les âmes les plus sensibles par la quantité d’hémoglobine présente et par la lourdeur exquise des blagues du héros.


Sans connaître sa vraie histoire (celle des comics), Deadpool m’a largement séduit, me faisant rire comme aucun autre Marvel (ou film de super-héros a fortiori) n’a su le faire. Il ne se prend pas au sérieux, mais n’est jamais ridicule, car son auto-dérision nous prend toujours de court. Il ne s’arrête jamais, à tel point que lorsque l’on sent la fin du film poindre, on se dit « Déjà ? J’en voudrais encore un peu ! »J’ai pu apprécier un divertissement réussi, drôle, déjanté et original, qui fait beaucoup de bien à voir, et son succès colossal au box-office est très rassurant. La suite est déjà prévue, et j’ai déjà hâte !


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le 17 févr. 2016

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JKDZ29

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