A l'heure où les tensions sont toujours présentes aux Etats-Unis débarque un petit film indépendant mais grandement nécessaire : "Dear White People". Acclamé à Sundance l'année dernière, le long-métrage raconte l'histoire de quatre jeunes adultes de couleur noir étudiants dans une université majoritairement constitué de blancs.
Quatre étudiants qui vont proposer un angle différent à ce combat existant depuis de nombreuses années, contextualisé ici dans un milieu universitaire. De la jeune militante prônant le " Black Power" à celle qui va renier sa culture pour mieux intégrer celle des blancs et devenir "célèbre", ou celui qui subit toute acte discriminatoire (raciale et homophobe) sans agir, chacun va tenter de prendre part à ce conflit. Le metteur-en-scène, Justin Simien, propose un propos intelligent sur cette lutte d'égalité et met, justement, tout le monde sur un même pied d'estrade dans la satire grinçante. Il n'épargne mais ne juge personne, il préfère nous confronter avec humour et intelligence à ce problème, pour mieux nous faire réfléchir.
Mais, non seulement le film s'interroge sur la manière de combattre ce problème mais il propose une réflexion intéressante et jubilatoire sur la façon dont on montre les noirs dans la culture audiovisuelle, n'hésitant pas à tacler Tyler Perry ou "Naissance d'une nation" avec joie et un humour mordant.
Toutefois si, contrairement à moi, vous êtes allergiques à ce que l'on pourrait appeler des "clichés Sundanciens" (c'est-à-dire : Cartons annonçant chaque chapitre, une bande-originale décalée, une galerie de personnages peu communs et une esthétique léchée), passez votre chemin ! Ou plutôt, faites abstraction de cela pour mieux vous plonger dans le scénario et l'humour du film. On pourrait y regretter une certaine longueur, vers sa fin, mais ce n'est qu'un infime défaut.
Intelligent, drôle et joli, "Dear White People" fait parti de ces films indépendants, avec "Frances Ha", "Boyhood" ou "States of Grace", qui nous font réfléchir sur des sujets d'actualités ou notre vie, qui nous donne le sourire en sortant de la salle, qui incite à notre réflexion et qui est grandement nécessaire. Un film qui va, malheureusement, passé inaperçu sur nos écrans mais que je recommande chaleureusement à tous !