L’idée (pas toujours bien) développée ici est plutôt géniale et alléchante : des comédiens d’improvisation sont mandatés par la police pour infiltrer la mafia londonienne. Un postulat de comédie prometteur et source de grandes possibilités comiques entre quiproquos savoureux et situations rocambolesques. Malheureusement, « Deep Cover » s’avère le plus souvent décevant et ne capitalise que rarement sur la richesse potentielle de son idée. La première faute du film est d’aller trop loin dans le micmac sur son versant polar. Le scénario s’enfonce de manière récurrente dans l’invraisemblable et, même dans le cadre d’une comédie, c’est bien trop improbable et énorme pour qu’on y croit. À partir de là, on décroche. Plus le film avance, plus les pérégrinations de nos comédiens immergés dans le monde du crime apparaissent tirées par les cheveux. Et comme le long-métrage ne se positionne pas dans le registre de l’absurde cela ne fonctionne pas. De la même manière, il y avait des possibilités infinies au niveau de l’humour qui ne sont jamais vraiment exploitées. Si on a quelques gags et idées qui prêtent à sourire, on rit rarement. On retiendra deux ou trois bons gags bien sentis (au hasard, celui qui fait penser à l’entourage du personnage de Bruce Dallas Howard qu’elle est toxicomane et alcoolique) mais c’est majoritairement lourd ou raté.
Si les comédiens s’acquittent plutôt bien de leurs rôles assez caricaturaux, il y a cependant un flagrant manque d’alchimie en ce qui concerne le trio principal. On est dans le genre de proposition où chacun d’entre eux joue de son côté, où tous semblent jouer dans un film différent. Il manque clairement de liant entre eux et de scènes qui pourraient asseoir leur complicité à l’écran. À l’inverse, la mise en scène de Tom Kingsley qui réalise là son premier film après avoir été à l’œuvre sur de nombreuses séries telle que « Doctor Who » est vraiment soignée. « Deep Cover » peut se targuer d’avoir une forme au-dessus de la moyenne de ce type de films de plateforme et d’un rythme qui ne faiblit pas. Cela ne suffit cependant pas à le rendre réussi. Les rebondissements sont assez nombreux mais pas bien palpitants et, à force, ils jouent contre le film. On finit par se désintéresser du sort des protagonistes qui s’enfoncent dans le n’importe quoi narratif. Le constat est donc clair : une excellente idée ne fait effectivement pas toujours un bon film. Et à se rater sur le versant de l’humour tout en sabordant son postulat par des incohérences, « Deep Cover » se révèle plus décevant que surprenant.
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