Back to nature.
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Deliverance fait partie de ces films qui ont marqué mon adolescence, une des premières œuvres du Nouvel Hollywood que j’ai découverte grâce à un achat assidu de mon grand frère et dont la scène la plus iconique (celle qui sera par la suite reprise par South Park pour traiter d’Indiana Jones 4) m’avait alors estomaqué. Le revoir deux décennies plus tard, c’est se replonger dans une expérience viscérale où se mêlent beauté de la nature, incertitudes morales et effroi.
Deliverance, c’est le duel permanent entre la loi de l’homme et celle de la nature, entre la civilisation et l’état sauvage : de l’affrontement de la guitare citadine contre la banjo rural qui commence de façon ludique avant de s’achever en matage en règle (morceau titré Dueling Banjos), d’une course en camion qui entend faire passer les locaux pour les ploucs que les touristes voient en eux, en passant par l’opposition entre la rivière intouchée et le barrage apocalyptique, les jugements à l’emporte pièce des autochtones par nos protagonistes, ou même ce canoë en alu qui fait éclater celui en bois, la lutte est dans chaque image.
Et au milieu, Lewis, survivaliste auto-proclamé qui se pose en chantre de la vie, la vraie, et emmène ses compagnons dans une spirale autodestructrice alors même que la rivière le renvoie à sa frêle condition humaine. La nature le rejette, lui qui se fourvoyait en père-la-morale
Quand la paranoïa s’installe, elle phagocyte toute l’attention des wannabes aventuriers et ne les quitte plus, les faisant sombrer crescendo dans une folie éreintante. Ces hommes qui se voient prédateurs deviennent rapidement proies : celles des hillbillies libidineux, du doute insidieux, et de la zizanie menaçante.
Par la juxtaposition du beau et du sordide, par l’économie des mots au profit d’actions lentes, appesanties par les événements, Boorman place le spectateur dans un état dubitatif. Si la réaction des personnages semble dans un premier temps justifiée par l’agression initiale, on en vient vite à remettre en question la tournure de ce qui suit. Le barrage moral a cédé sous le flot de cette peur muée en violence, et ne compte plus que la survie, à tout prix. Les corps sombrent, les esprits s’échauffent et le mensonge s’échafaude pour pallier le réel traumatique.
Et la délivrance tant attendue, elle ne viendra jamais. La Cahulawassee River ne fera que draguer ses fantômes dans l’esprit brisé des survivants, en sursis.
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le 18 août 2025
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