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Faites un film d’auteur, en sept clichés.
1. Ne racontez pas d’histoire. Les narrations simples, c’est bon pour la plèbe culturelle, évitez par conséquent tout ce que l’on trouve dans une fiction grand public : personnages avec un nom, chronologie définie, action. Privilégiez la vie quotidienne : votre travail ne doit en rien se distinguer d’un film de vacances.
2. Déclinez une seule idée pour tout le film. Un film de fiction n’est pas un récit, c’est un sujet. Les grands noms du cinéma d’auteur, et même certains réalisateurs à succès, peuvent construire un film de deux ou trois heures — voire leur carrière — sur une seule idée : pourquoi pas vous ? Si vraiment vous peinez à dépasser les soixante minutes, ce n’est pas grave : il s’agira d’un moyen métrage.
3. D’une façon générale, produisez une impression de cheap : ne faites aucun cadrage propre, sur-exposez ou sous-exposez régulièrement votre image, qui doit rester granuleuse, filmez caméra à l’épaule de bout en bout et gardez autant de sons d'ambiance que possible. Toute trouvaille visuelle est proscrite — de toute façon, la Nouvelle Vague a déjà tout fait. Faire tourner des acteurs amateurs est un plus, qui vous permettra de désamorcer par avance les éventuelles critiques.
4. Ajoutez une voix off. Mais il faut que le spectateur ignore qui exactement parle, et que la voix off répète strictement le propos général du film, sans apporter de distanciation ou d’explication. Le ton doit se situer entre le geignard et le monocorde, sans émotion superflue ; laissez le sentiment aux blockbusters.
5. Travaillez en famille. On n’est jamais mieux servi que par les siens, compétents ou non. Ça leur fera plaisir.
6. Ne faites jamais rire volontairement, ni même sourire — en-dehors de certains cas précis où l’auto-dérision est tolérée, notamment lorsqu’il s’agit de se prémunir contre les critiques. Le cinéma d’auteur est et doit rester une chose sérieuse.
N’oubliez pas la subvention du CNC ! Bon film !
Alcofribas
3
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le 2 janv. 2015

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Alcofribas

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